Avec un peu de retard lié à cette période de confinement, je voulais partager avec vous aujourd’hui l’interview d’un grand champion : Yohann Diniz, ambassadeur Newfeel. Je l’ai en effet rencontré à l’occasion du lancement de la chaussure de marche athlétique Race Walking 900 de la marque Newfeel.
J’ai immédiatement accepté cette interview dans la mesure où je trouve que la pratique de l’ultra trail est assez proche de celle de la marche : pour la plupart d’entre nous – je ne parle bien évidemment pas des ultra-terrestres connus – une bonne partie de nos ultras se fait en effet en marchant.
Je trouvais donc intéressant de rencontrer Yohann afin qu’il me parle de sa pratique et de ces nouveaux souliers de vair.
Certes, un peu d’eau a coulé sous les ponts depuis, puisque nous avons tous appris entre temps que les JO de Tokyo étaient reportés. Or la marque avait créé une édition limitée de cette chaussure pour l’occasion.
Mais faisons un petit bond en arrière pour revivre le temps de cette interview de Yohann Diniz au sein de la boutique Newfeel, riche en enseignements…
Historique de la marque Newfeel
Première marque de chaussures de marche, Newfeel n’a cessé depuis 10 ans d’évoluer en fonction des exigences des marcheurs.
Elle s’illustre en effet dans trois sports : la marche sportive, nordique et athlétique.
En 2020, la France compte environ 9,3 millions de pratiquants. La marche s’inscrit donc comme le troisième sport le plus pratiqué par les Français, avec un engouement particulier pour la marche nordique qui sollicite 80 à 90% de nos muscles.
Une activité fort complète et de plus en plus plébiscitée !
Aussi la marque Newfeel a-t-elle décidé de développer le marché en espérant motiver plus de 80% des Français à pratiquer une activité physique : la marche est en effet un excellent moyen de se mettre au sport de façon régulière.
Inutile de vanter ses bienfaits physiques et mentaux !
Newfeel a ainsi mobilisé ses équipes afin de concevoir des produits accessibles pour toute la famille.
Mais elle s’est aussi entourée de grands champions afin de bénéficier des meilleurs conseils…
Yohann Diniz, un champion au sein de Newfeel
Qui n’a jamais entendu parler de Yohann Diniz, notre plus célèbre représentant de la discipline sur les plus grandes compétitions ?
Triple champion d’Europe du 50 kilomètres, champion du monde du 50 km, recordman du monde du 50 km et du 50 000 m, recordman d’Europe du 20 km marche et multiple champion de France, il ne cesse de venir enrichir de ses trophées notre vitrine sportive nationale.
Mais s’il s’illustre avec brio et humilité sur le terrain, il est tout aussi passionné par son rôle de co-conception des produits Newfeel. Il a en effet activement apporté son regard et son expérience d’athlète pour parfaire le dernier modèle de la marque : la Race Walking 900.
Je vous propose de découvrir les atouts de ce nouveau modèle lors de l’interview de Yohann Diniz, ambassadeur et concepteur Newfeel…
Interview de Yohann Diniz, ambassadeur Newfeel
Il est temps de vous dévoiler le contenu de cette interview de Yohann Diniz, ambassadeur Newfeel, qui a eu lieu le 4 mars 2020 sur Paris.
Quels doivent être les atouts d’une bonne chaussure de marche ?
Il faut d’abord que le pied en arrivant dedans se sente bien, confortable comme dans un chausson. La marche a souvent été rapprochée de produits type marathon, voire 10 kilomètres.
Ce n’était pas le top, car la chaussure doit vraiment répondre aux besoins du pied. Or le pied d’un marcheur n’est pas celui d’un coureur. Par exemple, on ne va jamais dire à un coureur de courir avec le talon. Pour un marcheur, il faut surtout travailler le talon : il est ainsi un peu biseauté vers l’extérieur. On a une attaque qui part de l’extérieur du pied en supination, puis on arme le pied. Plus on tend le pied pour attaquer talon, plus on emmagasine de la force. Cette force va se transformer derrière en vitesse.
La chaussure doit donc être capable de garder cette force. On a donc créé sur l’avant du pied quelque chose pour garder et récupérer la force au niveau de l’avant du pied.
A l’intérieur, comme on arme son pied, on arme le gros orteil qui a tendance à se lever. On a mis un renfort, car souvent des chaussures étaient trouées à ce niveau. Certains renforts ont donc été mis pour la poussée du gros orteil.
Pourquoi s’être associé avec cette nouvelle marque Newfeel ?
J’ai surtout le plaisir de vraiment collaborer et dire ce dont on a besoin. Cela n’était jamais arrivé avant. C’est un véritable challenge pour ma dernière olympiade et ma carrière. Il est intéressant de travailler avec une équipe pour la conception, avec des designers, des ambassadeurs, des testeurs…
C’est super de faire un produit à sa sauce et de pouvoir avoir des retours. Peu de marques sont capables de le faire.
On voulait aussi quelque chose d’accessible. La fourchette de prix va de 40 euros à 60 euros pour le haut de gamme.
Je n’avais plus envie d’être un porte-manteaux. Des discussions avec Thierry Breuil et Stéphane Diagana m’ont motivé.
La marque n’est pas venue me voir pour me parler de résultats ou de chiffres, mais pour me parler de marche athlétique : ma discipline.
Le challenge m’a semblé intéressant : je suis certes l’étendard de la marque, mais je vois aussi toute l’équipe qui travaille autour, de la conception à la réalisation.
Cela fait maintenant deux ans que je travaille pour la marque et on a une légitimité internationale. On a plus d’une quarantaine d’athlètes sous contrat à l’étranger avec des pays qui n’étaient pas forcément convaincus.
Mais le but est surtout d’avoir un produit attractif, moins onéreux, qui réponde aux besoins spécifiques de la discipline.
Avant la chaussure de marche était simplement une chaussure de rando, lourde, avec de gros lacets et d’énormes crampons. On a énormément travaillé pour proposer des modèles légers et adaptés.
Quelles sont les améliorations apportées par rapport à l’ancien modèle ?
Le laçage de l’ancien modèle était décalé, désaxé. Or cela gênait pas mal. On est revenu à quelque chose de plus centré. La chaussette a aussi changé : il y a plus de maintien et de dynamisme avec la technologie Flex H. La chaussure est extrêmement légère, même si certains la trouvent encore lourde. Elle fait 220 g pour du 43 pourtant.
On essaye actuellement de chercher des solutions pour la faire descendre à 200 g.
On a décliné nos chaussures pour chaque type de marche.
La première activité sportive étant la marche, on a décliné nos modèles pour toute la famille.
Sur un ultra, est-il envisageable d’utiliser une paire de chaussures de marche ?
Certaines paires de chaussures de marche nordiques pourraient convenir, mais elles sont un peu plus hautes. On retrouve quand même des spécificités avec le trail, comme le un pare-pierres, etc.
Si on passe 90 % du temps à marcher, autant avoir peut-être une chaussure de marche telle qu’on en conçoit. Comme en plus bien des coureurs se servent des bâtons, on se rapproche un peu de la marche nordique. Le bâton vient propulser au sol et la chaussure est conçue en lien avec les bâtons. C’est jouable. Ce serait à tester.
Yohann, peux-tu nous parler de ton activité ?
Je prépare les JO qui ont lieu dans cinq mois, si le virus dont on parle actuellement n’arrive pas jusque sur notre continent. J’avais prévu quelques compétitions en France et une en Biélorussie. Finalement, j’ai axé ma préparation sur l’acclimatation à la chaleur. Je passe beaucoup de temps en stages à l’étranger, notamment au Portugal où je m’entraine en température ambiante le matin et en chambre thermique l’après-midi.
Je fais ce type de stages 7 à 10 fois dans l’année : j’ai assez d’expérience du 50 km, donc je préfère ne pas faire trop de compétitions.
Les marcheurs ont besoin d’un bon bitume, de parcours adéquats avec la pratique. J’ai un spot au Portugal. Je fais à peu près 30 heures d’entraînement par semaine. Cela équivaut donc à 5 heures par jour. Je prends en effet du repos le dimanche après-midi.
Quid de ton expérience à Doha ?
Pour Doha, je n’étais pas prêt mentalement à rencontrer ces conditions-là.
J’étais déjà formaté pour Tokyo. Mais cela m’a fait du bien, car ça a bousculé mes certitudes. La phase d’acclimatation à la chaleur est hyper importante. Ce n’est pas parce qu’on est champion olympique qu’on réussit tout. Le climat peut être un obstacle, comme un allié. Il faut donc prendre en compte d’autres paramètres si on veut arriver au bout de nos challenges.
Ma conclusion de Bee
J’ai eu la chance de tester ces chaussures avant l’interview avec Yohann Diniz au magasin Newfeel, lors d’une séance avec une autre championne : Emilie Menuet.
Comme c’est une discipline que je ne connais pas encore bien, je n’ai que peu de recul. J’ai néanmoins apprécié la légèreté et le confort de ces chaussures que j’ai utilisées depuis.
Marcher est une pratique vraiment à part et qu’il ne faut pas sous-estimer : que de courbatures après une séance !
J’en avais déjà eu un aperçu en janvier sur mon épreuve nocturne de la compétition Paris-Mantes.
Quel bonheur d’avoir pu échanger avec un tel champion ! Je suis séduite par autant d’humilité, de passion et de simplicité !
Je remercie en tout cas Yohann pour le temps qu’il m’a accordé : en écoutant son interview, je réalise alors qu’en ce début de mois de mars, nous étions tous dans une euphorie sportive : lui en pleine préparation des JO, moi me voyant arpenter les sentiers avec les dernières Newfeel aux pieds.
Nous n’avions pas alors pleinement conscience que ce fichu virus allait quelque peu détourner nos plans…
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