L’étape longue du HMDS est une traversée du désert en solitaire

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Après cette première étape du Half Marathon des Sables (HMDS) qui avait donné le ton commençait la vie sur le bivouac, en autosuffisance alimentaire : une partie de l’aventure que j’aime particulièrement, où nous revenons en général à l’essentiel…

Une fois la ligne d’arrivée franchie, nous devions prendre notre bidon d’eau et nous installer dans la tente qui nous était attribuée.

Cinq litres à gérer pour tous nos besoins et le départ de la prochaine étape, cela peut paraître beaucoup quand on y réfléchit, mais il ne faut pas oublier qu’on se dessèche vite sur ce type de courses.

L’hydratation et la récupération sont essentielles pour aborder sereinement chaque étape : si je ne suis pas une adepte des boissons de récup, je n’envisage aucunement de ne pas en prendre sur ces challenges pour recharger le corps en sel et en minéraux.

Je m’offre également le premier jour une pause jus vert réconfortante, en dégustant une gourde de mon partenaire : un luxe quand on sait que cette douceur est assez pesante dans le sac, mais une récompense et un plaisir d’une valeur inestimable après un tel effort.

Mais revenons à nos moutons, à mon installation, ou plutôt à mon Cham WAA à qui j’ai mené la vie dure durant cette première journée du HMDS…

Bienvenue dans mon T1 Bis écolo !

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Cette année, les tentes étaient directement attribuées : on nous a donc donné un numéro d’alvéole pour retrouver notre logement écolo.

Imaginez une jolie petite demeure design au toit jaune, avec fenêtres sur le côté et fils à linge intégrés !

Mais le must reste la forme et la surface au sol – j’ai bien dit au sol et pas en loi Carrez !

Un logement conçu pour deux !

Exit les problèmes de sac contre lequel tu te heurtes chaque nuit et la position foetale propre aux grandes Bees pour ne pas avoir les pieds qui sortent !

Cham WAA, quant à lui, en a profité pour se sécher et se dorer au soleil – il avait malencontreusement pris une douche lorsque j’avais demandé à une bénévole de m’asperger la tête – pendant que j’installais mon couchage de fortune.

Cette année, comme la précédente, j’avais décidé de ne pas prendre de matelas, pas par souci de m’alléger, mais parce que j’ai l’habitude de dormir à même le sol – je suis une adepte du camping – et que cela ne me dérange pas.

En revanche, je savais qu’il y avait beaucoup de condensation dans les tentes, à cause de l’humidité liée à la proximité de l’océan.

Pas très drôle d’avoir des gouttes qui tombent sur la figure quand on dort et de se réveiller dans un duvet humide !

Pour contrer ce problème, j’avais décidé de tester un nouveau système : j’avais pris une deuxième couverture de survie que j’avais disposée sur le sol et dont je me recouvrais chaque nuit !

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Un système ingénieux qui m’a préservée de l’humidité, qui conserve la chaleur corporelle, mais qui est juste un peu bruyant quand on bouge !

Cette première soirée sur le bivouac du HMDS nous a permis de faire quelques rencontres et de partager des moments entre copains autour de nos réchauds : je remercie d’ailleurs vivement le groupe avec qui j’ai partagé le foyer abrité du vent.

Mais malgré l’apparente décontraction, tout le monde redoutait LA fameuse étape longue du lendemain : 66 kilomètres en plein cagnard !

C’est ce qui explique – entre autres, car la chaleur et la fatigue de la première étape y sont certainement pour quelque chose –  qu’à l’heure où se couchent les poules, plus aucun bruit n’émergeait du bivouac…

L’étape longue du HMDS

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66 kilomètres, ça peut être long, même très long en solitaire, surtout quand tu as déjà fait une première étape la veille de 25 bornes, seule, en plein soleil, dans le sable et en portant un sac à dos de près de 9 kilos !

Pour certains qui ne se sont jamais aventurés sur la distance, ce fut une découverte, mais pour la Bee, après une nuit un peu agitée – ô joies des îles venteuses balayées de rafales qui secouent les tentes menaçant de les emporter ! – c’est une réminiscence : nous avions pris le départ ensemble avec Mathilde, en bonnes compagnes de galère, et avons gardé de ce périple des souvenirs impérissables…

Après avoir avalé un muesli au chocolat pour bien me caler, je prépare mon sac avec sérénité : j’ai la certitude que j’irai au bout de cette étape, mon esprit en est étrangement persuadé, il va simplement falloir gérer les moments de doutes et de moins bien…

Ma facette de Bee sauvage a pris le dessus et je ne cherche pas à m’appuyer sur un groupe cheminant au même rythme : mon aventure, je l’ai su à l’instant même où j’ai franchi la ligne de départ de la première étape, sera une véritable introspection, un périple en solitaire, avec ou contre moi-même…

Remarquez, je ne suis pas bien seule sur cette longue étape du HMDS, j’ai un compagnon de route cette année, doux, docile, muet : Cham…

Je n’ai pas peur de m’aventurer seule dans la nuit, de me perdre

J’aime au contraire ces atmosphères singulières qui te font puiser dans tes dernières ressources, qui découvrent des facettes insoupçonnées de ta personnalité, ce Moi profond qui se tapit dans les méandres de ton esprit…

9 h 30, un brief de l’organisation et le compte à rebours du départ est lancé : les plus rapides s’envolent telles des machines sur une route sablonneuse qui nous éloigne du bivouac et nous mène au milieu de dunes.

Je reconnais rapidement une portion du parcours de la première étape du HMDS de l’année précédente… sauf que cette fois, nous n’aurons pas à gravir la fameuse dune qui est venue l’an dernier à bout de la volonté de maints traileurs : nous la dévalons, tels des enfants, avec délectation avant de gagner un canyon.

Puis nous découvrons enfin le paradis : une somptueuse plage de sable blanc qui s’étend à perte de vue, bordant des eaux turquoises.

Oui, ceux qui me suivent et auront lu mon récit du HMDS 2017 – pour les autres, voici le lien pour combler ce manque ! – l’auront bien deviné : il s’agit de la fameuse plage nudiste de Cofete !

Pas de rencontres à l’état primaire à signaler cette année !

Mais le paradis s’est bien vite transformé en enfer : 8 kilomètres de plage à marée montante, avec un sable meuble dans lequel tu t’enfonces, balayé par le flux des vagues que j’ai évitées pour ne pas avoir la déconvenue de l’année précédente.

Si tu es subjuguée par la beauté de l’endroit à l’arrivée, quelques kilomètres plus loin, tu pries pour avoir du dénivelé !

Je suis parvenue au CP qui marquait la fin de cette étendue interminable avec soulagement.

Un long périple en pleine chaleur a alors commencé dans les collines, avec le passage de quelques cols fantastiques mais parfois périlleux.

Mon corps s’est mis en pilotage automatique sans que je ne m’en rende compte et hormis sur les CP où j’ai rencontré quelques coureurs qui se ravitaillaient ou souffraient de la chaleur, ma route n’a croisé personne.

Des coups durs ? Je n’en ai guère eu, sinon une fois sortie des collines, quand je me suis rendu compte que nous remontions l’interminable plage de Cofete avant de gravir les falaises !

Mais la méditation en pleine conscience m’a permis de chasser les émotions négatives, de créer une bulle de confort, de me projeter dans les hauteurs…

Si bien que l’ascension des falaises, malgré le dénivelé important après de longues heures de course, m’a semblé bienvenue.

J’en garde en tout cas de magnifiques souvenirs et ai été heureuse de les voir immortalisés par le biais des photographes.

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Comme mini Bee me l’a dit un jour, le coucher de soleil sur la plage, depuis le haut des falaises, fera partie du top ten des plus beaux instants de ma vie…

Sans que je ne m’en rende vraiment compte, la nuit est peu à peu tombée et arrivée au dernier CP, à la sortie d’une piste bien tracée, j’ai entamée une longue ascension vers le bivouac du HMDS, sans croiser âme qui vive…
La nuit, seule dans un désert, tu dois mobiliser toute ton attention : tout est blanc !

Je distingue mal le balisage avec le halo blafard de ma frontale et dois balayer avec attention de mon faisceau chaque arbre, chaque talus.

Je me perds et peste : il va falloir revenir sur mes pas.

Mais j’aperçois soudain deux phares qui descendent la piste : je pousse un soupir de soulagement, je suis sur le bon tracé, je peux reprendre ma lente ascension, je ne suis plus très loin, tout au plus quatre kilomètres.

J’aperçois derrière moi la lumière sautillante d’une frontale : Alexandra, ma camarade de chambre, vient de me rejoindre !

Je souris en pensant à la probabilité absurde de nous retrouver ainsi, en pleine nuit, toutes les deux…

Elle veut en finir et a l’énergie pour parcourir les derniers mètres en courant.

Je la laisse filer, avant de la rejoindre quelques minutes plus tard.

Je franchis avec une immense émotion l’arche éclairée de l’arrivée, seule, en larmes.

Alexandra est venue pour me filmer et je la serre très fort dans mes bras…
Affaire à suivre…
 
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