Bee et Mimi habillées d'un paréo et d'un sarong balinais pour courir dans la zone tribale

Après les péripéties de notre nuit, je n’étais pas parvenue à trouver le sommeil : j’aurais alors aimé avoir la prédiction d’une fin d’ultra trail paisible.

Mais rien à faire : moi qui suis d’habitude si enthousiaste, j’ai passé une bonne partie de ma nuit à ruminer. Impossible de prendre du recul sur l’incident de la soirée !

Mille questions se bousculaient dans ma tête : nous avions perdu une nuit en étant bloquées, alors que c’est selon moi le moment le plus agréable pour courir dans ces chaudes contrées.

Allions-nous finir avant les barrières horaires ? Comment repartir sereines en ayant pris connaissance de tous ces incidents ? Allais-je de nouveau pouvoir profiter à fond de cette aventure, sans voir le mal partout ?

Imaginez une Bee en mode catastrophisme, le tout amplifié par la fatigue de la journée !

Je pense néanmoins que Morphée a eu pitié de moi au bout de quelques heures, car c’est le réveil de Mimi qui m’a brutalement réveillée à 5 heures du matin.

Un départ perturbé

L’organisation avait pris la décision de bloquer la course pour quelques coureurs seulement jusqu’au lever du jour. Nous devions partir en voiture avec Mimi jusque vers le point où nous avions trouvé refuge, afin de ne pas être trop pénalisées.

Mais le cœur n’y était pas au réveil : après un petit-déjeuner pris dans le silence de la nuit, nous avons préparé notre sac en prévision de l’arrivée de la voiture à 6 heures.

Mais les minutes ont défilé sans que nous n’entendions de bruit d’un moteur.

Le véhicule est finalement arrivé avec une vingtaine de minutes de retard : au point où on en était, cela n’avait plus guère d’importance, me direz-vous !

Le jour était déjà bien levé quand nous sommes parvenues au muret protecteur de la veille : nous avons bien ri en voyant l’endroit en pleine lumière et en repensant à cette situation cocasse.

Une Bee dissimulée derrière un minuscule muret, ayant pour unique camouflage son sac de couchage, quel délire !

Nous avons alors repris notre course l’esprit plus léger, tournant en dérision les événements passés…

Au cœur de la zone tribale

Troupeau de vaches sacrées sur les sentiers. Elles sont blanches avec des cornes roses.
Troupeau de vaches sacrées

Mais nous avions tout de même un peu d’appréhension en songeant à la zone que nous allions traverser : en effet, la veille, certains coureurs avaient reçu des jets de pierre de la part de villageois.

Pour ne pas choquer les habitants rencontrés au hasard de la course, nous avons donc choisi de recouvrir entièrement nos jambes et nos épaules : Mimi portait un paréo, je portais pour ma part mon sarong balinais.

Inutile de vous dire que nous avons eu vraiment chaud et que ce n’est pas la tenue la plus adaptée pour courir !

Je ne parle même pas du look bohème que cela pouvait nous donner : les clichés exposés dans mes articles sur la course en attestent.

Mais nous n’avons par chance fait aucune mauvaise rencontre sur ces routes de campagne et dans ces collines : à noter simplement un passage de cobra pour Mimi, un genre de dragon de Komodo sur une route pour ma part, et des vaches !

Âmes sensibles s’abstenir !

Nous avons ainsi cheminé 29 kilomètres en plein cagnard jusqu’au CP 6, un endroit magnifique au bord de l’eau…

Comment un duo se transforme en trio

Le trio de copains se repose à l'ombre d'un arbre
Pause du trio

Parmi les coureurs infortunés de la veille se trouvait Carl : nous l’avions croisé à de multiples reprises depuis le début de la course. Parfois il se reposait près d’un temple à l’ombre ou il dégustait une barre au détour d’un sentier.

Il nous a demandé s’il pouvait devenir notre compagnon d’aventure : nous avons immédiatement accepté, rassurées il faut bien le dire d’avoir une présence masculine à nos côtés. La fin de notre ultra trail s’annonçait ainsi plus paisible.

Nous avons alors cheminé jusqu’au CP 7, soit 28 kilomètres plus loin, en mode cardiopapotage et découverte.

Nous avons décidé d’y faire une halte récupération, avant de repartir de nuit vers la portion que j’ai préférée, après la muraille de Kumbhalghar…

Un petit paradis indien

Découverte d'un somptueux lac indien. La Bee contemple en tenue d'ultra trail.
La Bee devant un somptueux lac indien

Nous avons poursuivi notre route sur des pistes sableuses, parsemées de petits obstacles : que dire de ce mur situé au milieu de nulle part qu’il nous a fallu escalader ou encore des petites rivières çà et là ?

Mais le clou du spectacle n’était plus très loin : une belle surprise nous attendait en effet après avoir traversé de petites collines.

Imaginez une oasis dans le désert, une vision surprenante à laquelle on ne s’attend absolument pas…

Notre oasis a pris la forme d’un lac perdu au milieu de collines, un véritable enchantement !

Nous avons bien évidemment décidé de nous arrêter goûter la quiétude du lieu, de nous imprégner de la sérénité de ce petit paradis naturel au milieu de la pampa indienne.

Nous l’avons d’ailleurs presque quitté à regret, parvenant difficilement à en détacher nos regards. Puis nous avons pénétré dans un couloir végétal.

Un canal menant au lac
Les abords du lac

Pour imprimer un rythme et soulager un peu nos mollets – on se rend compte en marchant qu’on ne sollicite pas vraiment les mêmes muscles qu’en courant, Carl nous a proposé de faire quelques répétitions de cinq minutes en courant, une minute en marchant.

Je n’imaginais pas à quel point cela pouvait être appréciable de courir sur un ultra !

Nous longions des canaux et l’endroit fort plat se prêtait bien à l’exercice.

Vers une fin d’ultra trail paisible ?

La Bee traverse une rivière couverte d'algues vertes
Traversée d’une rivière couverte d’algues étranges

Nous ne savions pas encore à quel point l’eau allait marquer la fin de notre aventure : en effet, Jean-François nous avait réservé quelques petites surprises entre les CP8 et 9 dont nos pieds se souviennent encore !

Le chemin serpentait en effet dans le lit d’une rivière quelque peu à sec. Mais malheureusement pour nous, il a fallu mouiller ses chaussettes à de multiples reprises.

« Mais c’est plutôt agréable, non, me direz-vous, surtout quand les températures sont proches des 35 degrés ? »

Certes, encore faut-il pouvoir distinguer le fond de la rivière : en effet, d’impressionnantes algues d’un vert indescriptible – existe-t-il des algues sur Mars ? Si oui, c’est l’idée que je m’en fais ! – recouvraient presque entièrement l’eau de la rivière.

La Bee simule la colère en brandissant une algue indienne verte
Colère ou dégoût devant ces algues indiennes ?

Nous avons donc franchi avec dégoût ces eaux colorées, maudissant l’organisateur à chaque fois qu’un nouveau bras de rivière à traverser se présentait.

Inutile de vous préciser que l’action de l’eau a aggravé l’état de nos pieds déjà malmenés par les kilomètres !

Nous avons ensuite quitté avec bonheur le lit de la rivière pour gagner une forêt et le dernier CP…

Le CP 9 ou ma vision du trail 4 étoiles…

Une boîte avec une pizza est posée devant la tente.
La pizza du CP9

Comme il est doux d’arriver au dernier CP de ton aventure !

Tu ressens une joie infinie en pensant à tout le chemin parcouru – en l’occurrence 220 kilomètres – et tu touches le rêve du bout des pieds d’être finisher d’une ultra longue distance !

Plus qu’une trentaine de kilomètres et l’aventure prendra fin !

Mais quel accueil sur ce CP 9 où nous attendait Emile !

Aux petits soins et à l’écoute de chacune de nos douleurs, il nous a fait une surprise de taille pour marquer la dernière soirée de notre aventure : en effet, après quatre jours de nourriture lyophilisée, nous avons eu droit à une part de pizza fraîche !

Ô qu’il est doux dans un environnement extrême de goûter aux petits bonheurs de notre civilisation !

Une toile de tente sentant le renfermé, une part de pizza et un coca – une boisson que je ne consomme pourtant jamais en dehors de mes expéditions – ça, c’est palace quand tu te retrouves sur un ultra trail en Inde !

Un moment inoubliable à la belle étoile !

Vers une fin d’ultra trail paisible…

Le trio de traileurs se dirige vers l'arrivée
En route vers l’arrivée

Ce qui est certain, c’est que toute pression s’était évanouie ce soir-là.

Nous avons simplement discuté de nos envies pour le timing de l’arrivée : Mimi voulait voir un dernier lever de soleil en pleine nature, tandis que j’étais obnubilée par l’idée de déguster des toasts grillés – une lubie de Bee ! – au petit-déjeuner au palais ! Une vraie fin d’ultra trail paisible en somme !

Nous avons donc opté pour un départ de nuit afin de satisfaire tout le monde. Nous avons donné l’heure à laquelle nous pensions arriver au staff, avant de quitter le CP. 

Cette dernière portion fut rapide et essentiellement constituée de routes : un retour progressif à la civilisation, ponctué également par de nombreuses décharges sauvages aux abords des villes et villages.

Nous avons finalement atteint la ville de Ghanerao avec enthousiasme : nous avons poussé la grille du palais espérant les acclamations des copains et de l’organisation…

Mais rien ne s’est passé comme prévu : tout le monde dormait !

Un employé est alors venu donner de grands coups de tambour afin de prévenir de notre arrivée : nous avons pu alors voir les fenêtres du palais s’ouvrir une à une et les têtes endormies des copains surpris de nous voir de si bon matin.

Je crois n’avoir jamais autant ri : de joie pour être finisher d’une telle épreuve, de rire à cause de cet accueil manqué, de bonheur pour avoir eu la chance de vivre une aussi belle aventure…

La Bee fait un selfie avec une bande de femmes indiennes rencontrées en route.
Une Bee parmi des femmes indiennes

Merci à Jean-François et à toute l’organisation de m’avoir permis de vivre une telle aventure…

Si vous souhaitez réagir à cet article, poser des questions ou émettre un commentaire, n’hésitez pas !

Je vous invite également à le partager sur vos réseaux à partir du blog et à lui attribuer une note si vous l’avez aimé…