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Vous êtes-vous parfois demandé quel était le moteur qui vous poussait à courir ?

Pourquoi passons-nous parfois à côté de nos courses ou au contraire se sent-on pousser des ailes lors de certaines compétitions ? Pourquoi commence-t-on  une course en mode « qu’est-ce que je fais là ? » pour la terminer en mode « j’ai bien fait de venir ! » ?

Ayant quitté les compétitions sur route depuis plus de deux ans et ne faisant pas d’entraînements réguliers sur piste – les Beerunneuses n’ont pas toujours le temps ou les moyens de caler des séances en club dans leur agenda ! -, j’ai abordé l’épreuve des 20 kilomètres de Paris avec un peu d’appréhension, d’autant que j’intégrais l’équipe TomTom et que je ne voulais pas décevoir mes partenaires.

Mais une conversation dans le cadre professionnel avec un ami coach mental et comportementaliste m’a fait aborder les choses différemment, et j’ai vécu une expérience intéressante : j’ai pris du plaisir sur ma course tout en réalisant un bon temps et sans ressentir de réelles souffrances. Une alchimie nouvelle pour moi !

Notre état d’esprit aurait-il un réel impact sur nos performances ? Est-il possible d’en changer afin de booster nos résultats ?

Je vous propose de revenir sur cette expérience que j’ai demandé à mon ami coach de décrypter après la course.

UN JOUR DE COURSE PAS COMME LES AUTRES

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6h30…

Le réveil sonne. Pourtant, on est dimanche.

Le temps de rassembler mes esprits, je saute enfin du lit : il est temps de déjeuner avant de me rendre sur le village des 20 kilomètres de Paris, pour rejoindre la Team TomTom sous les couleurs de laquelle je vais courir.

Le dimanche matin est en général un moment privilégié en ce qui concerne le petit-déjeuner : j’en ai fait un rituel plaisir avec la famille.

Mais le jour des courses, je me retrouve souvent seule devant ma tasse de café : il est important de se lever plus tôt pour mieux assimiler les nutriments et éviter les désagréments liés à une mauvaise digestion.

Mais ce dimanche est un peu différent : je ne me sens pas du tout dans le même état d’esprit que lors de certaines courses.

Alors que je prépare mon petit-déjeuner, je décide de me faire plaisir – dans une certaine mesure – et non de prendre quelque chose de forcément équilibré.

Je viens de passer une semaine particulièrement difficile, tant sur le plan professionnel que personnel : quelques contrariétés sont venues s’immiscer dans mon quotidien, de celles qui peuvent facilement vous ronger les nerfs.

J’ai également eu un gros coup dur au moral en allant à mon entraînement au club le mardi soir : pour une fois où je réussissais à faire garder mon fils – ma logistique de maman est un peu compliquée ! – pour effectuer au moins une session digne de ce nom, une nouvelle crise d’asthme est venue perturber ma séance. Je suis partie trop vite, euphorique en voyant que j’étais capable de faire du fractionné et lors de la deuxième période, mon souffle s’est bloqué : j’ai immédiatement éprouvé des vertiges et une envie de vomir.

Je suis rentrée en me disant que tout cela était de mauvais augure pour les 20 kilomètres, que je n’étais pas prête à affronter de nouveau le bitume : on ne peut revenir avec les mêmes capacités après deux ans et demi de coupure avec la route et sans entraînement sérieux. J’ai même songé à ne plus faire cette course.

Mais je me suis alors raisonnée en prenant conscience de la chance que j’avais d’intégrer une équipe sympathique et de vivre une nouvelle expérience : je n’ai plus rien à prouver à personne, j’ai déjà gagné mon lot de trophées quand j’étais en équipe compétition.

Je cours de nouveau depuis le mois de mars, après une hospitalisation l’an dernier qui m’a vidée de mes forces. Je ne veux pas me mettre de pression et retrouver mes vieux démons du chronomètre.

Mon leitmotiv est désormais différent : il est bon de courir pour se sentir vivant, s’entretenir et surtout, prendre du plaisir.

Le jeudi soir qui a suivi, j’ai fait une sortie nocturne « tranquille » avec mon voisin Robin, un ultra-trailer, avec lequel on se retrouve souvent : on en profite en général pour parler un peu, l’atmosphère est détendue. Je lui ai fait part de ma forme et de mes inquiétudes concernant mon asthme. Mais notre sortie s’est bien passée, avec une petite portion de fractionné : je suis rentrée chez moi ravie et rassurée quant à mon souffle.

Le vendredi soir, un de mes amis, coach mental et comportementaliste, est passé pour travailler avec moi sur un sujet qui m’intéressait depuis longtemps : la motivation.

Or en discutant avec lui de la formation qu’il proposait, je n’ai cessé de faire des parallèles avec la course à pied. Nous en avons alors profité pour travailler sur l’objectif que je voulais me fixer : prendre du plaisir pendant ces 20 kilomètres et arriver « fraîche » si possible, comme je savais que ma famille serait là.

Je ne voulais pas que mon fils s’inquiète, car il m’a déjà vu abandonner sur un trail long après une crise d’asthme. Je ne suis pas de ces coureurs qui cherchent toujours des prétextes – on en connaît tous ! – pour expliquer une contre-performance ou autre avant les courses. J’ai donc posté sur ma page Facebook que mon objectif était avant tout de prendre du plaisir, ce qui était le cas.

Aussi suis-je arrivée complètement détendue sur le village le dimanche matin.

Objectif ? Zéro stress !

On en subit bien assez pendant la semaine ! Je n’ai pas été déçue, car une bonne ambiance régnait au sein de l’équipe TomTom, composée de coureurs de tous les niveaux.

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L’équipe TomTom en pleine séance d’échauffement

Ce dimanche matin, je suis partie avec trois objectifs en tête : prendre du plaisir, ne pas regarder ma montre avant le cinquième kilomètre et m’arrêter au quinzième – le dernier ravitaillement – pour voir un ami qui était bénévole, Lionel. Ce dernier, blessé depuis plusieurs mois, ne pouvait en effet pas participer à la course.

J’ai atteint les trois sans problème : je n’ai commencé à regarder ma montre qu’une fois arrivée sur les quais, après le Bois de Boulogne. J’ai vu que j’étais à 4’36’’ au kilomètre et ai même cru que mon chrono était bloqué, car il affichait les mêmes indications sur plusieurs kilomètres.

Je me suis sentie bien sur tout le parcours : pas d’essoufflement ni le moindre sifflement si redouté ! J’ai même salué les différents groupes, ai encouragé les coureurs qui tiraient des joëlettes, des coureurs de mon équipe ou de mon club, je me suis arrêtée à tous les ravitaillements, mais plus particulièrement à celui du quinzième kilomètre : chose absurde, j’ai reposé la bouteille que m’avait tendue une bénévole pour prendre celle de Lionel quand je l’ai reconnu. Quel plaisir de croiser un regard connu et d’être encouragée par les gens qu’on apprécie !

J’ai même interpellé avec un grand sourire mon fils qui me cherchait parmi la foule de coureurs et ne me trouvait pas ! Le savoir à l’arrivée m’a donné des ailes !

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Mon fils à l’arrivée des 20 kilomètres de Paris

Jamais je n’ai vécu une course sur route dans un tel état d’esprit : auparavant, j’ai souvent eu des moments de doute, je profitais des kilomètres pour ressasser mes problèmes, je me concentrais sur mon chrono ou mes douleurs. J’avais certes le plaisir d’avoir fini ma course, mais j’étais rarement « bien » en arrivant et j’avais souvent un moment où je songeais même à arrêter quand j’étais dans le dur.

Mais ce dimanche 9 octobre, rien ne s’est passé comme auparavant. Mes amis et ma famille étaient même surpris de me voir aussi bien à l’arrivée.

Deux questions me sont alors immédiatement venues à l’esprit : ai-je bien tout donné ? La réponse est non. Comme on dit souvent, j’en avais encore sous le pied.

Alors la pression serait-elle ma pire ennemie ?

DÉCRYPTAGE DE MA COURSE PAR UN COACH MENTAL ET COMPORTEMENTALISTE

« Heureux d’avoir entendu le récit de ta course et la manière dont tu l’avais vécue !

Ta performance n’est pas une surprise pour moi, puisque la méthode que tu as expérimentée sans le savoir a fait ses preuves. Dans le livre que j’écris en ce moment avec Morgan Bourc’his, le champion du monde d’apnée,  je l’explique en détail.

La pression est-elle aidante ou au contraire paralysante ? C’est « LA » question fondamentale du sportif. Pour y répondre, je vais m’appuyer sur la méthode Apter, ou théorie du renversement qui décrypte les motivations, ainsi que sur la notion de besoins psychologiques.

Selon notre personnalité, nous avons des besoins psychologiques très différents que nous tentons de nourrir à chaque instant pour être heureux.

L’excitation provoquée par la pression est un stress positif et aidant pour seulement 5% de la population. En clair, seules 5 personnes sur 100 sont boostées par une pression importante et pensent que sans elle, aucune performance n’est possible. Le reste de la population vit quant à elle la pression comme un stress désagréable ou handicapant.

Ces quelques lignes s’adressent donc aux 95% de la population, qui sont plombés par l’enjeu avant une course, que ce soit le jour même ou pire plusieurs jours voire semaines auparavant.

« Mon Dieu ! Que j’ai mal au ventre ! Je me sens lourd et pas très en forme. Si seulement j’avais pu dormir cette nuit… Pourquoi je tombe malade à chaque fois que je dois faire une course ? Et si je n’y allais pas, si j’abandonnais à la moitié ? »

J’en passe et des meilleures ! La plupart d’entre nous savent ce qui nous traverse l’esprit dans ces  moments-là…

En fait, il n’existe pas une mais huit motivations possibles, ce qui est plutôt une bonne nouvelle, car si celle que l’on a choisie ne nous génère pas d’envie, il suffit d’en choisir une autre plus adaptée. Elle n’est pas belle la vie ?

Quatre motivations nous font ressentir une tension ou un relâchement dans notre corps, et les quatre autres nous procurent l’impression de gagner ou de perdre.

Dans la situation que tu as expérimentée, Christelle, tu étais tendue car ta motivation était trop focalisée sur l’objectif que tu voulais atteindre, ce qui provoquait une crispation importante dans ton organisme. C’était comme si ton corps te disait : « N’y va pas, car j’ai trop mal ! ». Il te trouvait alors toutes les bonnes raisons pour passer à côté de ta course (blessures, fatigue, maladies…) et te générer de l’anxiété.

Lors de notre conversation de la veille, je t’avais invitée à te concentrer sur deux autres motivations : le plaisir de l’instant présent et la satisfaction de prendre soin de l’autre.

En fait, sans que tu le saches, tu as expérimenté le renversement en passant d’un état de tension (trop de pression sur l’objectif) à un état de relâchement (je vais jouir du moment présent, sans penser à mon chrono).

Tu as ainsi découvert que le plaisir était générateur de performance et que l’inverse n’était pas toujours vrai. Du coup, la souffrance qui accompagne un état de tension, a fait place à la joie de courir et de partager cet instant. En y ajoutant une deuxième motivation tournée vers les autres (courir pour que ton fils et ton équipe soient fiers de toi et pour essayer de voir un copain blessé), tu gagnais en puissance et en volonté : cela t’a fait définitivement oublier ta montre, qui peut pourtant devenir si obsessionnelle quand tu la regardes toutes les dix secondes.

Pour résumer, tu couplais une motivation qui te permettait de te relâcher et une autre qui t’amenait à te sentir gagnante. Tu étais au top ! Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que ce phénomène, tu pourras le dupliquer sans problème à l’avenir en repensant à cette course comme une référence.

Bon, je sais ce que tu vas me dire ! Je ne t’ai parlé que de deux motivations sur les huit ! Mais quelles sont les autres ?

C’est avec plaisir que je te les ferai découvrir lors d’un prochain post si tu es motivée… et si tu m’offres un bon verre de vin tout droit sorti de ta divine cave.

Eh oui, la motivation se cache derrière chacune de nos actions et découle de notre état d’esprit.

Tu sais maintenant comment me motiver à continuer ce décryptage… Vin rouge pour moi, plutôt Bordeaux…

En attendant, tu peux dès maintenant télécharger une application Iphone gratuite. Je t’en expliquerai prochainement l’utilisation. »

Affaire à suivre…

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Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais j’ai hâte de connaître la suite. Je vous réserve d’ailleurs quelques surprises.

J’ai bien peur, en revanche, de voir ma cave se vider petit à petit, au fur et à mesure de mes entretiens avec Frédéric sur la motivation…

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