Une semaine déjà ! J’ai pourtant l’impression que c’était hier.
Il faut dire que mes jambes s’en souviennent encore : elles me rappellent fréquemment à l’ordre, entre les courbatures liées au D+ et au parcours et les hématomes qui sont venus colorer mon mollet, ma hanche et ma fesse gauche.
Mais je n’ai pourtant qu’un mot pour résumer l’atmosphère et les sensations que j’ai éprouvées à la fin de ce week-end choc : plaisir !
Celui d’avoir vu de beaux paysages, d’avoir en partie bravé ma phobie, d’avoir dépassé mes limites.
Mais aussi celui d’avoir partagé une belle expérience avec un ultra traileur expérimenté, Nicolas Arbib, d’avoir bénéficié de ses conseils et de son vécu : un véritable coaching personnalisé !
Même si certains moments ont été plus difficiles à gérer, il ne me reste que des impressions positives.
Mais je vous propose à présent de revivre à travers mon récit les grands moments de ce week-end chic et choc…
Genèse d’un projet
Comme je vous l’avais dit dans mon précédent article, j’avais rencontré Nicolas lors de mon stage de trail blanc au Mont Bessat : nous avions alors eu des échanges concernant les courses et mon appréhension du vide.
Il m’avait alors annoncé qu’il était ambassadeur d’un trail, l’UT4M, et il m’avait défiée de venir faire une épreuve sur un massif.
Aimant relever les challenges, j’avais accepté sans réfléchir.
Je n’avais pas conscience de tout ce que cela allait impliquer : séances d’hypnose, stages, adaptation en montagne, etc.
Mais je savais que j’allais avoir un gros atout dans cette aventure : Nicolas, qui aime partager sa passion, m’a convaincue en me disant qu’il m’aiderait au mieux à préparer l’épreuve, en organisant notamment ce fameux week-end choc.
C’était donc l’occasion ou jamais !
Confiante, j’ai laissé famille, animaux et amis pour me rendre à Grenoble et vivre une belle aventure.
Mais je ne savais pas exactement ce qui m’attendait…
Objectif ? Le massif de la Chartreuse
Je vous ai déjà présenté la course de l’UT4M dans mon article précédent, sans vous révéler précisément le massif que j’avais choisi parmi les quatre, car bien sûr, j’ai beau être une tête brûlée, j’ai préféré jouer une certaine sécurité : outre le défi physique, le défi mental sera très important pour moi, le vertige étant un élément difficilement contrôlable.
J’ai donc choisi le massif de la Chartreuse, qui sera pour ceux qui se seront élancés sur l’ultra de 160 km l’épreuve ultime.
J’avais demandé à Nicolas de m’aiguiller sur un parcours ne présentant pas trop de passages près de précipices : 42 kilomètres et plus de 2600 de dénivelé positif, je me suis dit qu’il y avait largement de quoi faire joujou pour une première en montagne.
Le point culminant de la course sera Chamechaude qui se situe à 2100 mètres.
En découvrant le profil, j’ai eu je l’avoue quelques craintes : comment allais-je faire pour m’entraîner en région parisienne ?
Nous n’avons pas l’équivalent de la course en dénivelé et je ne peux arriver sur mon trail en me contentant d’entraînements sur les quais de Seine.
Certes, je m’entraîne régulièrement en côtes, dans les forêts des alentours – celle de Montmorency est intéressante au niveau dénivelé – ou encore sur des collines.
J’ai aussi la chance de pouvoir aller en Limousin où j’ai ma famille : j’ai d’ailleurs participé récemment au trail des Gendarmes et des Voleurs de Temps, sur le 32 km avec 1100 de dénivelé.
Mais cela n’a rien à voir avec les paysages escarpés que l’on peut découvrir en parcourant le site de l’UT4M !
Nicolas m’a donc immédiatement proposé un week-end choc lors duquel nous ferions une reconnaissance de mon parcours.
Deux objectifs supplémentaires sont bien évidemment venus se greffer sur ce projet : voir où j’en suis avec mon vertige et si je suis capable de dépasser mes traumatismes.
C’est donc avec une certaine appréhension, moi la Bee du plat pays, que j’ai fait ma valise pour rejoindre Grenoble.
Un programme de choc
La semaine précédent mon arrivée à Grenoble, Nicolas m’avait appelée à maintes reprises afin de programmer au mieux notre week-end : il avait prévu de me faire découvrir en deux fois le parcours de ma course.
Je n’ai pu qu’adhérer à cette idée qui me permettait de savoir exactement dans quelle galère j’avais posé mes baskets de Bee !
Le vendredi soir, nous avons fait un point sur notre organisation, car nous avons pris deux voitures afin de nous arrêter à mi-chemin du parcours.
Mais ce que je ne savais pas, c’est que Nicolas m’avait réservé une surprise de taille : un shooting avec un photographe professionnel en situation.
Voici le programme que Nicolas avait établi :
samedi 24 juin :
- 7h00 : départ pour le village de Saint-Nazaire-les-Eymes en laissant au préalable une voiture au Sappey-en-Chartreuse. Reconnaissance du parcours jusqu’au village du Sappey : un travail essentiellement axé sur le D+.
- 15h30 : rendez-vous avec l’organisateur de la course, Sébastien Accarier : interview et questions diverses
- 18h30 : départ pour une rando-run à la Dent de Crolles. Rencontre avec le photographe professionnel de l’Échappée belle, Jean-Luc Augier, dont vous pouvez admirer les superbes photos dans cet article.
- 23h15 : fin de la journée sportive
dimanche 25 juin :
- 7h00 : départ pour le Sappey. Découverte de la deuxième partie du parcours – essentiellement du travail dans des descentes techniques.
- 14h00 : débrief et programmation des entraînements (contenu, séances spécifiques, nutrition, etc.)
Comme vous pouvez le constater, nous n’avons donc pas eu le temps de nous ennuyer et j’ai surtout pu découvrir tout le parcours de ma course, ce qui a un côté rassurant… ou non.
Mes impressions de Bee
Comme vous vous en doutez, le week-end a été particulièrement éreintant : nous avons parcouru plus de 46 kilomètres, avec 3306 de D+ !
J’ai enfin pu tester dans des conditions réelles mon vertige : Nicolas m’a même poussée hors de mes limites, en me proposant d’aller jusqu’à la Croix de Chamechaude, la dernière partie de l’ascension se faisant à l’aide d’une corde.
Si je me suis laissé influencer pour aller jusque sur l’arête de la montagne – j’ai serré tellement fort le bras de Nicolas qui me tendait une main rassurante qu’il doit encore en avoir les marques ! – j’ai abdiqué pour aller voir la Croix : la Bee est au final plus à l’aise sur terre !
J’ai certes fait des progrès, mais il me reste encore de la marge avant que je ne sois complètement sereine : j’ai également ressenti un petit malaise vers le Fort du Saint-Eynard, mais rien de bien méchant.
J’ai adoré les paysages et les explications diverses que me donnait Nicolas : j’ai ainsi entendu parler pour la première fois des Patou.
Pour les non-initiés comme moi, il s’agit d’un genre de chiens de berger un peu sauvages et assez agressifs si on les provoque ou si une bête s’en prend au troupeau.
Il faut donc respecter quelques consignes si on en croise dans certains pâturages, afin que la rencontre se passe au mieux.
En parlant de rencontres, nous en avons fait de belles : que dire de cet âne qui a séduit Nico ou encore de ce curieux oiseau noir avec lequel nous avons partagé nos victuailles ?
Comme un plan ne se déroule jamais sans accroc en trail, nous avons chacun eu notre lot de cascades : un souvenir cuisant pour moi, car à l’heure où je vous écris, ma jambe est encore douloureuse et suscite quelques inquiétudes – après un passage pourtant aux urgences.
J’ai appris malgré moi qu’en montagne, il ne faut jamais relâcher l’attention, surtout en descente : alors que mon esprit vagabondait tandis que nous abordions une partie du parcours assez facile et plutôt propre, j’ai emmêlé mes bâtons et suis tombée sur le flanc gauche.
Je me suis fait peur, mais surtout, un énorme hématome, particulièrement gonflé, recouvre à présent ma jambe.
Je pense que j’aborderai avec un peu plus d’appréhension cette partie du parcours, mais cela ne me laisse pas pour autant un traumatisme.
J’ai particulièrement apprécié cette relation que nous avons eue entre passionnés : Nico est un excellent coach et il m’a beaucoup appris en deux jours. Il me reste encore du chemin à parcourir, mais la motivation est décuplée.
Je sais me servir de bâtons, ce qui n’était pas gagné quand on connaît mon caractère de Bee déterminée.
Je pense aussi que les conseils de Nico sur les parties courues ou non vont beaucoup m’aider.
Bon, je dois quand même avouer que j’ai eu un gros moment d’agacement : je l’ai maudit quand il m’a annoncé le deuxième jour qu’il avait oublié les clés de la deuxième voiture dans la première.
Nous venions d’arriver à un sommet avec un fort dénivelé et il a fallu rebrousser chemin pour les clés, pour remonter ensuite.
Avec la fatigue de la journée précédente, j’ai bien cru pendant quelques secondes que mes nerfs allaient lâcher.
Avoir fait une reconnaissance de la course me permet aujourd’hui de partir plus confiante pour ma vraie épreuve, en solitaire, au mois d’août.
J’ai encore beaucoup de travail, des progrès à faire quant à l’utilisation des bâtons, un travail sur moi-même pour le vertige notamment, et il va falloir m’imaginer en situation, car le jour de la course, je serai seule, sans une main tendue pour m’aider à affronter mes peurs…
Alea jacta est !
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Merci à Jean-Luc Augier pour les magnifiques photos de cet article qui ne sont pas libres de droit.
Rétroliens/Pings