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« Mettre la tête sous l’eau alors que je suis sujette aux sinusites ? Aller voir les poissons pour ruiner mon brushing ? Certainement pas ! »

Depuis plusieurs années, je trouvais toujours un prétexte pour masquer ma peur de mettre la tête sous l’eau.

Il faut dire que je me sens plus à l’aise chaussée d’une paire de trails pour crapahuter dans la nature que dans le milieu aquatique !

J’aime pourtant l’eau et je nageais régulièrement la brasse il y a quelques années.

Mais comment dire ? Je n’ai pas la grâce de ces nageuses qui pratiquent la brasse coulée avec fluidité.

Non, moi je pratique le Beeswim : cela demande certes de l’endurance, car je peux enchaîner les longueurs. Mais côté style, c’est un peu plus critiquable : imaginez un chien qui pointe le museau hors de l’eau pour aller chercher le bâton que son maître a lancé. Eh bien cela peut vous donner une petite idée de la grâce avec laquelle je nage.

Quelques mauvaises expériences quand j’étais enfant, ainsi que des problèmes d’asthme et de sinusite chronique, ont amplifié mes appréhensions.

Mais certaines invitations ne se refusent pas…

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J’ai rencontré Morgan Bourc’his l’année dernière lors d’une conférence de presse et j’ai immédiatement apprécié sa sérénité et son humilité.

Quel meilleur professeur qu’un double champion du monde pour faire une initiation à l’apnée ?

Il ne m’en fallait pas plus pour faire le grand saut…

Un palmarès impressionnant

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Morgan Bourc’his en mode espion de l’Atlantide…

Né en 1978 à Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire), Morgan Bourc’his a toujours été attiré par le milieu aquatique : enfant, il a passé de nombreux séjours avec ses parents au bord de la Méditerranée.

S’il a délaissé quelques années les bassins pour se consacrer au basket, il a retrouvé ses premières amours à 22 ans en allant s’installer à Marseille.

Il accède au haut niveau en 2003 et participe à une compétition internationale.

Sa sélection avec l’équipe de France AIDA (association internationale pour le développement de l’apnée) en 2005 confirme son excellent niveau.

2008 est une étape décisive, car il devient Champion du Monde par équipe en Égypte avec Guillaume Néry et Christian Maldamé, ses fidèles partenaires de plongée.

Spécialiste des disciplines sans assistance et sans matériel considérées comme les plus pures et les plus exigeantes, il est multiple recordman de France et d’Europe en poids constant sans palmes, ainsi que Champion du Monde 2013 de cette discipline.

Morgan organise régulièrement des stages d’apnée, propose des séminaires scientifiques et des conférences de management et de team-building en entreprise.

Je vous invite à aller voir son site avec de superbes photos en cliquant sur le lien suivant : http://www.morganbourchis.com/

Une préparation optimale

Je vous rassure, nous n’avons pas immédiatement plongé dans la fosse de 20 mètres !

Nous étions six lors de cette session et Morgan nous a dans un premier temps interrogés sur nos rapports avec l’eau, l’occasion de me rendre compte de l’absurdité de la situation en ce qui me concerne : que vient faire une Beerunneuse claustrophobe et qui ne met jamais la tête sous l’eau à une initiation à l’apnée ? Qui plus est avec un champion du monde ?

Mais trop tard pour reculer !

Après avoir pris notre équipement (palmes et masque), nous avons eu droit à une petite séance d’étirements et d’exercices respiratoires basés sur la pratique du yoga : respiration abdominale, avec le diaphragme, respiration carrée, etc.

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                                                Séance d’exercices axés sur la respiration

Ce moment m’a paru essentiel pour apprendre (ou revoir pour les initiés) les bases concernant le souffle pour cette discipline, mais aussi pour se détendre : je pensais en effet ne pas pouvoir rester très longtemps sous l’eau, à cause de mes angoisses.

Nous avons ensuite pris notre matériel avant de nous jeter à l’eau : si les palmes ne m’ont posé aucun problème – je nage souvent avec en mer, mais avec la tête hors de l’eau !-, j’avoue avoir été moins à l’aise avec le masque Mares, qui était pourtant très adapté.

Première surprise : j’ai découvert qu’il fallait cracher dans le masque pour éviter la formation de buée sur les verres ! Pas très glamour comme premier geste !

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Une fois le dégoût passé, je me suis transformée en Batbeerunneuse, une véritable chauve-souris aquatique !

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Descentes inoubliables

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Comme je vous le disais précédemment, j’ai plus l’habitude d’arpenter des sentes inoubliables lors de mes trails que de descendre au fond d’une fosse de 20 mètres, qui plus est remplie d’eau !

Ma première prouesse a donc été de mettre la tête sous l’eau avec un masque, sans avoir d’appréhension, puis de remonter à la surface sans suffoquer : une sorte d’euphorie m’a alors gagnée.

Nous sommes descendus dans un premier temps dans une fosse de trois mètres.

Dès le premier palier, j’ai préféré aller à mon rythme, laissant le reste du groupe composé de novices et de plongeurs aguerris.

Chose étrange : l’angoisse a rapidement cédé la place au plaisir !

Je réussissais à toucher le fond et à rester sans respirer sous l’eau ! Cela peut paraître incroyable pour bien des gens, voire ridicule, mais j’ai véritablement bravé ma peur.

Une fois que je me suis sentie à l’aise, j’ai rejoint le groupe dans la seconde fosse de cinq mètres. Morgan nous a alors parlé des différents paliers et des problèmes physiques qu’ils peuvent entraîner : maux d’oreilles, etc.

J’ai éprouvé au départ quelques problèmes pour aller au fond, mais l’échelle de la fosse a été d’une grande aide. Nouvelle victoire !

Il ne restait plus qu’un pas à franchir : se retrouver dans la fosse de 20 mètres !

Je ne vais pas faire la fière en vous disant que je n’ai pas du tout été impressionnée en me retrouvant à la surface de ce profond trou d’eau !

Mais pas le temps de céder à la panique : notre guide aquatique, après quelques explications concernant notre descente, l’utilisation du filin et les différents paliers, nous a immédiatement demandé de nous exécuter.

J’ai bien cru ne jamais pouvoir lâcher la bouée pour me tracter avec le filin afin d’amorcer ma descente !

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Mais Morgan et un plongeur aguerri nous ont rappelé les principes de respiration avant chaque descente, et étrangement, je me suis sentie à chaque fois plutôt détendue.

Je n’ai malheureusement pas pu descendre m’allonger telle une étoile de mer au fond de la fosse, ayant quelques soucis techniques avec les pincements de nez pour éviter les douleurs dans les oreilles qui peuvent devenir véritablement insupportables.

Ce n’est donc pas le souffle qui m’a fait remonter à chaque fois à la surface, mais bien les douleurs.

Mes impressions ?

J’ai vraiment adoré cette expérience qui m’a transportée : cet univers me paraissait véritablement aux antipodes de ce que je pouvais apprécier et je ne regrette pas d’avoir accepté de participer à cette expérience. Je ne suis plus fermée non plus au projet de me mettre un jour au triathlon.

Au bout d’un moment, j’étais tellement émerveillée et euphorique que je devenais irrassasiable : j’ai plongé jusqu’à la dernière minute et ai vraiment pris du plaisir.

Je n’ai qu’une envie : recommencer et atteindre le fond de cette fosse dans laquelle j’ai vu évoluer un athlète qui était en osmose complète avec le milieu aquatique.

Chaque descente de Morgan reflétait une sérénité certaine et était esthétiquement somptueuse à contempler.

Qui sait ? Peut-être transformerai-je un jour mes étoiles de Beerunneuse en étoiles de mer…

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Je tiens à remercier tout particulièrement l’organisatrice de cette session, Morgan Bourc’his pour cette belle découverte et sa disponibilité, mais aussi Karine, une blogueuse apnéiste (https://apneeaufeminin.wordpress.com/) pour ses superbes photos.

Si vous souhaitez réagir à cet article ou partager votre expérience, vous pouvez le faire en commentaire sur ce blog ou sur la page Facebook Beerunneuse.