La Bee aime le sport et les défis et se laisse facilement embarquer dans de nouvelles aventures.

Quand une cause qui lui tient à coeur entre en jeu, elle ne peut refuser et se jette corps et âme dans l’aventure, sans même avoir une fois dans sa vie pratiqué le sport concerné.

C’est un peu ce qui s’est passé ce samedi 9 février, lors des championnats de France indoor d’aviron : on m’a proposé de venir participer au challenge Avirose, alors que je n’avais jamais ramé de ma vie – enfin si, mais pas de cette façon ! – et ne connaissais même pas la façon dont on utilisait un rameur.

Mais quand il s’agit de soutenir la cause du cancer du sein qui me touche personnellement à plus d’un titre, je n’hésite pas à mouiller le maillot et à me jeter dans le grand bain… enfin, dans l’aventure, car le défi n’était pas sur l’eau, mais indoor.

Mais une fois sur place, j’ai réalisé que l’expérience allait être bien plus riche et intense que prévu, tant sur un plan sportif qu’émotionnel.

Retour sur un événement exceptionnel…

Succès total pour cette deuxième édition

Vous n’avez peut-être encore jamais entendu parler du challenge Avirose ?

Il s’agit d’un challenge encore jeune, puisque ce 9 février avait lieu la deuxième édition : lancé l’année dernière par la Fédération Française d’Aviron dans le cadre des Championnats de France d’Aviron indoor au stade Charlety, l’événement avait connu un véritable succès réunissant près de 130 personnes.

Initié par la kinésithérapeute Jocelyne Rolland, Avirose est un programme qui permet aux femmes qui ont été atteintes d’un cancer du sein de pratiquer l’aviron indoor dans des cabinets de kinés spécialement formés.

La Fédération Française d’Aviron avait en effet lancé en 2013 un programme de réathlétisation afin de permettre un accès à la pratique de l’aviron à un large public : diabétiques, greffés, patients atteints de cancer ou en rémission…

De cette démarche sont nés 60 clubs labellisés Aviron Santé et encadrés par 101 coachs formés.

Le challenge Avirose, créé en 2018, est une épreuve par équipe de 4 rameurs – dont au moins deux femmes qui ont été traitées dans le cadre d’un cancer du sein – qui doivent réaliser un relais 4 x 500 mètres en aviron indoor, dans la bonne humeur et avec un dress code rose : il y a d’ailleurs une remise de prix pour les plus beaux costumes à l’issue du challenge.

Je ne sais si la question vous est venue à l’esprit, mais ayant eu dans mon entourage proche une personne atteinte de cancer du sein très affaiblie, je me suis immédiatement demandé comment, notamment avec le fameux syndrome du « gros bras », il était possible de pratiquer ce type de sport et d’en retirer des bienfaits ?

Ramer pour se refaire une santé

Dans mon esprit et pour avoir vécu certaines situations avec des proches, les traitements lourds comme les chimiothérapies et autres affaiblissent considérablement l’organisme et il est bien souvent difficile pour les patientes de trouver la motivation nécessaire pour poursuivre une activité physique.

J’ai donc posé quelques questions à des spécialistes présents : les divers traitements entraînent une perte de masse musculaire importante, mais j’ai aussi appris que le phénomène du « gros bras », ou lymphoedème, était bien souvent lié à l’inactivité.

Il importe donc, après un cancer du sein,  de reprendre une activité RASP, c’est-à-dire régulière, adaptée – un point essentiel ! – sécurisée et progressive.

Si l’activité est bien menée, des études ont montré qu’elle permettait de combattre des récidives de cancer du sein, de limiter les effets néfastes des traitements, et d’un point de vue psychologique, de se réapproprier son corps de femme, ce qui est loin d’être un point négligeable.

L’aviron constitue une activité physique idéale : concernant la partie opérée, il permet de bien l’étirer, mais ce sport procure également des bienfaits sur la respiration, la partie abdominale et l’ouverture du tronc.

Il est très complet, car il muscle aussi les membres inférieurs qui sont souvent malmenés par les traitements.

Que dire également de l’impact psychologique que peut apporter cette pratique !

Les femmes sont accompagnées par des spécialistes dans le cadre du programme Aviron Santé pendant un an et peuvent ensuite intégrer un club labellisé Aviron Santé : une belle façon de se dépasser et de se sentir vivante !

Ma transformation en Beerameuse

Je n’avais jamais testé le rameur dans ma vie de sportive et j’ai pourtant fréquenté bien des salles, mais je n’en voyais pas l’utilité.

Ce challenge me mettait donc un peu sous pression, car je ne voulais pas décevoir l’équipe dans laquelle j’étais : quand j’ai découvert que mes comparses de rame n’étaient autres que deux copines et que l’ambiance était plus festive que compétitive, je me suis sentie immédiatement plus à l’aise.

Après quelques explications techniques avec un responsable et un bref essai, nous avons rejoint le gymnase où régnait une ambiance survoltée : une centaine de femmes affublées de costumes, masques, boas et perruques roses, s’activaient auprès des machines.

Immédiatement, je me suis laissé happer par l’ambiance : ici, point de paraître, mais du partage, de la bonne humeur, de la simplicité et des sourires, de nombreuses valeurs que l’humain a tendance à perdre.

Quand le départ de la compétition a été donné, ce n’est pas l’esprit de compétition qui a pris le dessus, mais la fierté de participer à une aventure humaine avec des femmes épatantes, prêtes à se dépasser et à tout donner pour leur équipe.

Que de cris, que d’encouragements, que de rires, que de vie !

J’ai pris un plaisir immense aux côtés de ces guerrières, ne tronquant bien sûr pas mon habit de Mademoiselle Jeanne pour autant : j’ai bien cru que je n’allais jamais réussir à caler mes pieds pour commencer l’épreuve, le stress me faisant trembler !

Ces 500 mètres parcourus à fond m’ont semblé durer une éternité et je me suis levée en titubant, la gorge en feu, pour passer le relais à ma comparse que j’ai ensuite activement encouragée, prise dans la liesse générale.

Si nous nous sommes intéressées deux secondes à notre temps et à notre classement – nous n’avons d’ailleurs pas été trop ridicules -, ce n’est pas ce qui est resté de cet après-midi : voir toutes ces femmes s’embrasser, se féliciter, pleurer de joie, plaisanter était le plus beau des spectacles, celui dont tu repars en ayant pris une jolie leçon de vie…

Alors, tentée pour participer l’année prochaine à un tel événement ?