La Bee fait une pause sur le GR20. En arrière-plan, une vache corse.
La Bee sur le GR20

Un GR20 pour Théo contre Lyme, une aventure que nous avons encore bien du mal à intégrer avec Morgane…

C’est certainement la raison pour laquelle j’ai mis du temps à reprendre la plume (enfin le clavier) pour vous la raconter.

Sans compter qu’il y a eu les vacances.

Certains disent que cette expérience du GR20 est vraiment singulière, qu’elle ne ressemble à aucune autre.

Elle nous marque comme un fer rougi par le feu au plus profond de notre esprit, de notre être, de notre chair, de nos muscles.

Je confirme ces dires.

Plusieurs semaines après, je ne réalise pas encore que nous avons accompli notre périple, que nous avons atteint nos objectifs et que nous avons foulé ces montagnes corses somptueuses.

Je profite à présent de ma convalescence pour poursuivre mon récit : en effet, je vous avais laissés près de ma tente, le premier soir de cette aventure.

J’étais alors un peu souffrante, sans avoir conscience que j’avais contracté un mal bien plus sournois…

Contraintes avec Morgane par un timing serré, nous avons alors fait un choix qui ne s’est pas révélé judicieux.

Place à la deuxième étape de cette aventure !

UNE DEUXIÈME ÉTAPE QUI DONNE LE TON

Carte de l'étape 2 du GR20
étape 2 du GR20

La deuxième étape du GR20 consiste à partir du refuge d’Ortu di U Piobbu jusqu’à celui de Carrozzu.

Ses caractéristiques ?

Un dénivelé positif de 720 mètres

Un dénivelé négatif de 950 mètres

Une distance de 11 km

Point culminant : 2020 mètres

Temps estimé : 7 heures

L’étape sur le papier paraît courte.

Mais nous nous sommes vite rendu compte que sur la partie nord du GR, il faut se méfier : en effet, qui dit étape courte dit aussi étape technique.

Le nord a la réputation d’avoir des parcours très aériens, techniques, les plus difficiles.

Mieux vaut se fier aux estimations de temps, et encore : tout dépend des conditions climatiques.

Et cette année, avec la canicule, la chaleur était bien au rendez-vous !

Mais en novices et avides de découverte (nous avons voulu laissé une part de surprise à notre aventure), nous n’avons vu que le kilométrage.

Erreur fatale !

Nous en reparlerons un peu plus loin.

Si on regarde le profil de l’étape, elle se résume facilement en une montée et une descente.

Mais il ne faut pas oublier, comme sur les trails, que chaque terrain a ses spécificités : ainsi aborder 800 mètres de D+ sur des sentiers alpins bien tracés n’est pas la même chose que gravir des dalles bien lisses et des pierriers du GR20.

Cette étape qui permet de s’enfoncer dans les montagnes corses permet véritablement de prendre conscience du chantier qui nous attend…

UN RÉVEIL MITIGÉ

Lever de soleil, refuge du GR20
Lever de soleil depuis la tente sur le GR20

Cette première nuit en montagne n’a pas été aussi idyllique que je l’avais espéré : en effet, elle a été ponctuée de quintes de toux, de frissons et de maux de tête.

Aussi la forme était loin d’être là quand le réveil de Morgane a sonné.

Mais ce qui m’a le plus interpellée, c’est mon manque d’entrain : moi qui suis un vrai trublion lors de mes périples, je me réveille un peu dans le brouillard, avec des jambes en coton.

Je connais suffisamment mon corps pour savoir que quelque chose ne tourne pas rond. J’en parle à Morgane.

Mais après un petit-déjeuner lyophilisé, je retrouve un peu d’énergie.

Quelques vitamines de mon partenaire Stimium et je me sens prête à aborder la suite.

Je m’assure de bien déposer quelques kits contre Lyme et des prospectus, petit rappel de la sensibilisation faite la veille (je vous reparlerai de ma mission prochainement).

Campagne contre la maladie de Lyme sur le GR20
Prévention Lyme GR20

Un petit passage à la source très fraîche près du refuge et nous partons pour cette journée qui s’annonce un peu longue : nous avons en effet prévu de doubler les étapes.

Nos sacs bien remplis pèsent très rapidement sur nos épaules.

Il va vite falloir se débarrasser de l’inutile, manger les denrées les plus pesantes.

Il fait déjà très chaud et il n’est pas envisageable, avec les températures caniculaires, de se passer d’eau.

Nous regrettons déjà notre réveil un peu tardif : il va falloir se lever encore plus tôt si nous voulons profiter de la fraîcheur !

Heureusement, nous cheminons d’abord sous les arbres. Des aulnes…

Une des forêts du GR20
Parcours du GR20 en forêt

Puis nous entamons une descente un peu raide qui nous rappelle que la concentration doit être de mise sur le GR20 : le moindre faux pas et c’est la chute.

Je commence à entonner le leitmotiv de mon aventure : « Pense à regarder tes pieds ! »

RANDO OU ESCALADE ?

Montagnes escarpées du GR20
Montagnes escarpées du GR20

Je crois bien que j’ai véritablement pris conscience de la difficulté qui nous attendait lors de cette première montée de l’étape : certes, j’avais été prévenue.

Mais les immenses dalles granitiques sur lesquelles il a fallu évoluer, les blocs rocheux entre lesquels il faut te frayer un chemin sans basculer en arrière portée par le poids de ton sac, ça, je ne m’y attendais pas.

Combien de fois, à partir de ce jour, je me suis dit : « Non, mais c’est juste impossible de passer par là ! »

Pourtant, à chaque fois immanquablement, la petite marque rouge et blanche te signale que le parcours passe bien par là.

Parfois, tu cherches désespérément une autre marque, espérant un passage plus doux, avant de te rendre à l’évidence : le GR20 n’est pas synonyme de facilité !

Mais moi qui pensais surtout faire de la rando, j’ai bien vite aussi découvert que mes mains allaient être mes meilleures alliées.

Pas d’autre choix que d’escalader des monticules rocheux parfois vertigineux, de s’agripper au moindre petit morceau de roche qui dépasse de la paroi pour ne pas te laisser emporter dans le vide par ton sac.

Il faut dire également que la fièvre et mon état de fatigue qui en a découlé n’ont rien arrangé : je me dis encore parfois que c’était vraiment plus que périlleux de me retrouver sur le GR20 avec le Covid.

Mais je ne le savais pas encore, même si je le pressentais…

LE GR20, DES PAYSAGES À TOMBER À LA RENVERSE

Marques sur le GR20
Passages escarpés sur le GR20

Bon, mon titre est à prendre autant au sens propre qu’au sens figuré.

Les paysages sur cette étape (comme sur les autres) sont en effet une vraie récompense après tant d’efforts.

Mais ils se méritent et certains passages sont vraiment dangereux : il est en effet nécessaire, comme je le mentionnais plus haut, d’être constamment vigilant. Le moindre faux pas et c’est la chute.

Mais que dire devant le spectacle des montagnes escarpées qui surplombent le cirque de Bonifatu ! Devant la Bocca di l’Innominata (1910 mètres) !

À partir de ce point, plus qu’une descente bien raide avant d’arriver au refuge de Carrozzu à 1270 m d’altitude.

Nous avons mis 6 h 30 pour 11 km !

Refuge de Carrozzu au coeur des montagnes du GR20 avec vue sur mer

Nous croisons plusieurs randonneurs avec lesquels j’ai échangé sur Lyme au refuge précédent : ils sont eux aussi exténués à cause du parcours et de la chaleur.

Nous commandons une omelette et une Orezza pour nous rafraîchir.

Pause omelette à Carrozzu sur le GR20 avec vue sur mer

Intérieurement, je cogite : nous avons prévu de doubler l’étape et n’avons pas perdu de temps sur cette première partie. Or nous avons déjà marché 6 h 30.

La fatigue et la chaleur étant plus présentes, comment allons-nous gérer cette troisième étape réputée pour sa difficulté ?

Sans compter qu’elle comporte le franchissement de la fameuse passerelle de Spasimata…

Plusieurs randonneurs décident lors de cette pause de s’arrêter pour aborder l’étape 3 vers Asco le lendemain.

Ils comptaient doubler, mais ne s’attendaient pas à un tel parcours.

Nous, nous n’avons guère le choix, même si les tentes plantées derrière le refuge nous font de l’œil et si l’ombre des arbres nous invite à la sieste.

Nous reprenons alors nos sacs sur les épaules avec un peu d’appréhension, mais motivées tout de même pour découvrir les prochains paysages… Direction Asco !