En écrivant le titre de cet article, j’ai l’impression de rédiger une nouvelle fiction, et pourtant, si tout se passe bien, le rêve devrait bientôt devenir réalité…

Tout a commencé il y a plusieurs mois, alors que je préparais le Half Marathon des Sables de Fuerteventura : un coup de fil improbable, celui de l’organisateur de l’Ultra Run Raramuri, Jean-François Tantin, qui me faisait part de son envie de me voir intégrer une équipe féminine sur sa course.

Un véritable choc pour une Bee qui s’apprêtait à courir son premier ultra par étapes !

J’ai préféré attendre de voir comment se passait mon aventure canarienne avant de me décider, même si le livre « Born to run » que j’avais dévoré me faisait de l’oeil sur mon étagère.

La suite, vous la connaissez, car vous avez suivi mon blog avec attention : je suis rentrée de Fuerteventura enchantée, des étoiles dans les yeux, avec un bon classement et surtout, avec la ferme envie d’en découdre dans les canyons mexicains.

Vous êtes plusieurs à m’avoir demandé quelques précisions sur cette course et à présent que l’aventure commence à prendre forme, je vais vous la présenter dans ses grandes lignes…

En route pour l’aventure !

sommet d'un champ de sable

Lors du Half Marathon des Sables, j’avais eu l’occasion de discuter avec des traileurs qui m’avaient dit que je repartirais certainement, car ils sentaient que j’avais le goût de l’aventure.

Ils ne s’étaient pas trompés : à mon retour, l’envie de reprendre mon sac à dos s’est très vite fait sentir, d’aller découvrir de vastes horizons.

Si certains rêvent de vacances au soleil étendus sur un transat, la Bee, pour sa part, rêve de parcourir de grandes étendues, de découvrir de nouveaux pays : mes vacances ressemblent à mon quotidien, je ne tiens pas en place !

Je ne suis encore jamais allée au Mexique et cette destination m’a toujours attirée : certainement ma passion pour les civilisations antiques et la mythologie.

Certes, il ne sera pas question de faire du tourisme – du moins en partie, mais nous aurons le privilège de nous rendre sur des territoires peu fréquentés, loin des plages bruyantes de la péninsule du Yucatan ou de la capitale bouillonnante, Mexico : la course a en effet lieu dans l’État de Chihuahua, dans la zone des canyons “Cañon del Cobre”, faisant partie de la chaîne de montagnes “Sierra Madre Occidental”, la sierra Tarahumara, au milieu des populations indigènes Tarahumaras (nom traduit en espagnol de la communauté indigène locale, les coureurs Rarámuri).

train chepe

Mais un autre point m’a tout de suite fait rêver : quand j’étais petite, je regardais avec mes parents une émission sur les trains mythiques qui parcourent le monde, « Des trains pas comme les autres ».

Or il se trouve que pour nous rendre sur le point de départ, Divisadero, nous allons emprunter depuis Los Mochis, ville de la côte Pacifique, le célèbre train « El Chepe » qui va jusqu »à Chihuahua. 

Ce trajet, qui durera 8 heures, ne va pas manquer de me rappeler ces doux moments, et risque à lui seul d’émerveiller mon âme de Bee.

Un challenge à taille humaine

Pour vivre cette belle aventure, nous serons seulement 9 coureurs internationaux privilégiés à nous élancer sur les sentiers mexicains, du 21 au 30 avril 2018 : on est donc bien loin des courses où des milliers de runners prennent le départ, et j’avoue que ce côté intime me plaît particulièrement.

Je fuis un peu les grosses manifestations, aimant et recherchant la tranquillité de la nature, contemplant le moindre recoin de paysage et m’émerveillant devant chaque rencontre avec un animal – enfin tout dépend lesquels !

Je ferai partie d’une équipe de jeunes femmes expérimentées, avec un palmarès impressionnant : les Globe Trotteuses. À l’occasion de la course, nous avons d’ailleurs créé une page Facebook, « 4 traileuses chez les Raramuri », sur laquelle vous pourrez suivre nos aventures.

D’autres traileurs aguerris feront partie de l’aventure, dont Benoît Girondel, vainqueur en octobre dernier de la Diagonale des fous.

Parmi ces champions, je serai un peu la « bleue », la petite novice, car je n’ai encore jamais couru une aussi longue distance avec autant de dénivelé : 190 kilomètres pour plus de 10000 D+ en moins de 96 heures.

À chaque fois que j’écris ces chiffres, je ne réalise pas l’ampleur du challenge – peut-être vaut-il d’ailleurs mieux rester dans cette douce insouciance – voyant le caractère exceptionnel d’une telle aventure.

Mais je sais en revanche que je vais mettre toutes les chances de mon côté pour arriver au bout de ce fabuleux périple, et surtout vivre à 200% l’aventure.

Mon unique objectif ? Prendre du plaisir et franchir la ligne d’arrivée…

Des rencontres inoubliables

Tarahumara.jpg

Mais le point d’orgue de cette fabuleuse aventure sera certainement la rencontre avec un peuple indigène incroyable, les Tarahumaras, qui occupe ces canyons quasiment inaccessibles depuis plus de cinq siècles, résistant à notre civilisation pour préserver la leur.

Nous serons confrontés à quelques-uns de ces Raramuri, nom par lequel ils se désignent et qui signifie « ceux qui ont les pieds légers ».

Le plus incroyable ? C’est que contrairement à nous, ils n’ont pas des baskets issues des dernières technologies : ils courent avec des sandales, les Huaraches, découpées dans des morceaux de pneu !

Dans les éditions précédentes, ils ont toujours remporté la course en une vingtaine d’heures, alors que le meilleur international la finissait en plus de 50 heures !

Ce sont donc des coureurs hyper endurants, puisqu’ils peuvent courir près de 100 km par jour, et agiles.

« En matière de très longues distances, rien ni personne ne peut battre un coureur tarahumara – ni un cheval de course, ni un guépard, ni un marathonien olympique », écrit Christopher McDougall dans son best-seller « Born to run » en 2009.

Certaines femmes Raramuri seront de la partie et ont la particularité de courir… en robes longues !

Ok, je sais ce que vous allez dire, « La Bee court bien en jupette », mais il y a fort à parier que même avec ce handicap, je serai bien loin derrière.

Mes réflexions de Bee

Comme vous pouvez vous en douter, je suis bien sûr excitée mais aussi stressée à l’idée de partir pour une telle aventure.

Il va falloir gérer plusieurs aspects :

  • mon vertige : si depuis l’UT4M il y a une nette amélioration, j’ai pu me rendre compte qu’il subsistait quelques appréhensions. Or dans des canyons de ce type, traversés parfois par des ponts, il n’y a pas de place pour cette phobie du vide. Je fais donc une entière confiance à mon hypnothérapeute pour m’aider à braver ce problème.
  • l’alimentation : j’ai pu me rendre compte de mes erreurs sur le Half Marathon des Sables et vais essayer de les corriger en partie. Je vais notamment tester tous mes plats lyophilisés avant de partir et surtout emporter des aliments plaisir, car cela m’a manqué.
  • le sommeil : contrairement au HMDS, nous n’avons pas de bivouac sur cette course, juste des points de contrôle. L’idée de dormir seule au milieu de nulle part et de gérer mon temps de sommeil m’angoisse un peu, mais je vais faire comme j’ai l’habitude : écouter mes sensations.
  • la préparation physique : comme je suis assez novice, c’est un point assez délicat. Comment trouver le juste milieu dans son plan pour faire suffisamment de volume sans se blesser ? J’ai la chance d’être plutôt bien entourée et pourrai suivre les conseils du coach trail de mon club, ceux d’un ami coach en PPG, et ceux d’autres coaches divers dont je vous parlerai. J’ai également un excellent partenaire en cryothérapie.
  • la préparation mentale : j’y reviendrai plus longuement très bientôt. Je dois rencontrer quelques personnes qui vont me donner des conseils. La méditation et le yoga vont aussi jouer un énorme rôle.

Comme vous vous en doutez, je partagerai avec beaucoup d’enthousiasme cette aventure avec vous et n’en laisserai pas filer une seule miette…

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