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Je vous avais quittés au CP2 de mon aventure mexicaine, laissant planer un peu de suspense quant à la suite de mon aventure.

Nous nous étions arrêtés avec Delphine et Benoît après 56 kilomètres de course, soit 13 heures 30 minutes d’efforts.

Nous avions prévu de nous restaurer et de nous reposer pendant une bonne heure et de repartir à 21h30 pour profiter de la fraîcheur de la nuit pendant la portion qui s’annonçait des plus difficiles : des sentiers étroits en dévers à flanc de montagne avec une vue vertigineuse sur le rio en contrebas.

Jean-François avait bien insisté lors du briefing : « Vigilance extrême sur cette portion ! Christelle, c’est l’endroit où tu risques d’être sujette au vertige, n’hésite pas à le faire à quatre pattes ! Si vous tombez, rien ne peut vous rattraper. C’est dangereux !»

Inutile de vous dire que la Bee a eu des sueurs froides après un tel discours !
Entre le pont suspendu du départ et les sentiers vertigineux jusqu’au CP2, je ne voyais pas ce que je pouvais vivre de plus coriace !
Et pourtant, je n’étais pas au bout de mes surprises et de mes frayeurs…

Quand la Bee change d’optique

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Alors que je venais de finir mon riz au lait aux framboises lyophilisé – plat digne d’un dessert trois étoiles dans de telles conditions – j’ai demandé à Charlotte, l’une de nos kinés de choc sur la course, si elle pouvait soulager mes mollets qui s’étaient durcis à cause des descentes.

J’ai découvert qu’elle avait des doigts de fée, puisqu’en un rien de temps, mes muscles endoloris ont été soulagés.

Catherine est ensuite arrivée, dépitée et déconcertée : elle souffrait d’une insolation et de crampes. et songeait à abandonner. Elle a alors décidé d’aller s’allonger.

Mais alors que nous nous apprêtions à partir, un doute s’est installé dans mon esprit : avais-je vraiment envie de courir de nuit ? Étais-je à ma place avec le duo de choc formé par Delphine et Benoît ? Qu’attendais-je exactement de ce périple ?

J’avais passé un super début de course avec eux, ouvrant tantôt la route sur les sentiers, tantôt suivant l’un ou l’autre en me laissant porter.

Nous avions adopté un rythme dynamique dans une bonne ambiance, alors pourquoi hésiter alors que j’étais prête à repartir ?

Un déclic !

J’étais venue au Mexique pour faire une course, certes, mais aussi pour vivre une aventure humaine et jouir de chaque chose.

Il était hors de question de ne pas profiter des paysages, des personnes : nous avions longuement discuté avec Émilie dans l’avion et à l’hôtel et semblions avoir le même état d’esprit.

Je suis connue pour mon côté cash et j’ai donc annoncé soudainement à Delphine et Benoît que je souhaitais attendre Émilie, me reposer et repartir avec elle dans la nuit.

Compréhensifs, ils sont repartis immédiatement.

J’ai attendu Émilie qui est arrivée plus tard, seule.

Le binôme infernal était constitué…

Des nerfs mis à rude épreuve

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Après une courte nuit – bien trop courte – à même le sol parmi les araignées et au milieu des ronflements démentiels d’un ambulancier mexicain, nous avons repris la route pour la partie du périple la plus exigeante.

Après avoir bien positionné nos frontales sur nos têtes, nous avons repris en sens inverse le chemin périlleux qui nous avaient menées jusqu’à cette école de Guahueyvo.

26 kilomètres seulement nous séparaient de Churo, le CP3, mais j’ai vécu les 26 kilomètres les plus éprouvants de toute ma vie !

Un étrange petit indien, Lolo, d’une quarantaine d’années, nous a accompagnées sur cette difficile partie : un genre de Raramuri balai, si vous préférez !

Comme il a dû rire intérieurement en me voyant glisser sur les sentiers, poussant des petits cris, avec ma jupette déchirée !

Tantôt droite dans mes baskets, tantôt sur les fesses, j’ai avalé les kilomètres, rongeant mon frein lors des portions vertigineuses.

Mais le plus dur n’allait pas être les sentiers à pic dominant le vide, mais la descente de la forêt de cactus.

Imaginez d’immenses cactus plantés sur une côte à pic dans un canyon : vous avez le toboggan le plus vertigineux au grand désespoir de la Bee.

L’alternative ?

Tu tombes et tu te rattrapes à un cactus en t’empalant dessus, ou tu arrives sain et sauf après avoir récité cent « Ave pater » et 400 « Ave Maria ».

À ce moment là, Jacques Dutronc a du souci à se faire : pour me donner du courage, j’entonne la célèbre chanson « Les cactus », faisant esquisser un sourire à Lolo.

Je descends en même temps sur les fesses – que je serre d’ailleurs très fort -, agrandissant mon trou – est-ce possible ?- déjà énorme sur la jupette.

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Une descente vertigineuse qui semble sans fin : le cauchemar !

Soudain, en contrebas, un pont : LE pont !
Qui veut la mort de la Bee ? Ce cauchemar ne s’arrêtera donc jamais ?
J’arrive enfin sur du plat, Émilie m’attend : je me sens épuisée nerveusement.

Elle m’annonce que l’épreuve du pont arrive – on se croirait dans un jeu familial de la TV, genre « Fort Boyard » !

Étrangement, je ne me sens pas trop mal, boostée par le précédent challenge relevé : la fatigue nerveuse a-t-elle anesthésié ma perception du danger ?

Nous escaladons un gros bloc de béton à l’aide de câbles maintenant le pont, et à peine ai-je le temps de dire « ouf ! » que nous nous retrouvons sur des planches branlantes : de vrais Indiana Jones au féminin !

J’applique tant bien que mal les consignes de ma sophrologue Morgane – ah ! Les ponts virtuels me reviennent en mémoire ! – et l’exercice se passe plutôt bien, puisque nous évoluons assez rapidement sur cette balançoire tant redoutée.

J’arrive avec soulagement de l’autre côté du pont, encouragée par Émilie : je finis dans ses bras, épuisée mais heureuse.

À en croire le road book, nous venons d’effectuer la portion la plus difficile : nous reprenons donc notre route, confiantes…

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À suivre…

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