Quel bonheur d’être finisher de cette première édition du Grand Trail des Vallons de la Vilaine !
Je ne pensais pas pouvoir écrire ce titre la semaine dernière, alors que rongée par mes allergies, je m’apprêtais à capituler.
Quand je m’engage sur un ultra trail, j’ai en général la préparation qui va avec et la logistique.
Mais cette première édition a déjà été reportée plusieurs fois et je ne pensais pas qu’elle aurait lieu cette année. J’ai intégré le club de ma ville (le PLM) en novembre et ne fais plus beaucoup de long, comme je m’entraîne avec des routards très rapides. En revanche, je pratique quotidiennement le yoga vinyasa et le running yoga.
Bref, je me suis un peu laissé surprendre…
Mais la cause qui est derrière est tellement importante à mes yeux (ceux qui me connaissent le savent) que je ne pouvais faire autrement que prendre ce départ…
Alors malgré une semaine difficile, entre gestion de la maladie de mini Bee et ma fatigue physique, j’ai décidé de courir cet ultra de 84 kilomètres et 1800 de D+. Une belle façon de s’aérer l’esprit, soutenue par mes proches et amis…
84 KILOMÈTRES EN TERRE BRETONNE
Le Grand Trail des Vallons de la Vilaine se déroulait ce week-end du 2 avril à Laillé, une petite commune bretonne en Île-et-Vilaine.
Le nom de la course est assez éloquent pour comprendre qu’elle se déroule essentiellement le long du cours d’eau. Mais le dénivelé indique quelques hauteurs pour avoir de jolis panoramas sur le cours d’eau.
Comme je vous le disais précédemment, plusieurs personnes se mobilisent depuis près de 3 ans pour concrétiser cette première édition de l’ultra trail des Vallons de la Vilaine.
J’ai notamment été contactée en 2019 par Franck pour être ambassadrice de cet ultra trail. Il connaissait mon engagement pour la cause des cancers pédiatriques et j’ai en effet immédiatement accepté. Deux associations, La Cordée bretonne et À chacun son Everest sont liées à l’événement.
Mais le Covid-19 est passé par là, semant son lot d’embûches : l’édition 2020 a été annulée peu de temps avant.
Comme il s’agissait d’une première édition et que maintes organisations ont connu des déboires avec la pandémie, je pensais que le projet avait finalement avorté. Mais c’était sans compter la motivation de toute une commune.
Si j’avais pu, j’aurais changé de distance. Mais en solo, c’était la seule proposée.
Il ne me restait donc plus qu’à m’élancer avec ma frontale sur la ligne de départ en espérant aller le plus loin possible…
UN SOMBRE DÉPART SUR L’ULTRA TRAIL DES VALLONS DE LA VILAINE
4 h 40
Ma charmante hôte, Anne, nous conduits avec Denis vers le gymnase où a lieu le départ, après un petit-déjeuner gargantuesque : elle nous a chaleureusement hébergés chez elle avec cet ultra runner de 71 ans, doyen de la course. J’avale à la hâte un cachet de Sporténine, prépare mes gourdes avec le RGN3 Reload de mon partenaire Stimium et vérifie une dernière fois mon matériel.
Nous arrivons à la fin du brief dans le gymnase à 4 h 50 où règne déjà l’effervescence du départ. Ma veste Mizuno ne sera pas de trop : les températures annoncées sont de moins deux degrés ! On est bien loin de la vingtaine de degrés de la semaine précédente.
5 h 00
Le départ est donné. J’aperçois le sourire rassurant de Anne en passant devant l’estrade. Il est trop tard pour reculer, mais j’ai promis à mon médecin de ne pas forcer, mes poumons étant bien encombrés.
Nous suivons déjà de petits singles, alors que ma frontale marque des signes de faiblesse : je l’ai pourtant chargée une bonne partie de la nuit. Pourvu qu’elle ne s’éteigne pas !
Mais quelques kilomètres plus loin, mon appréhension s’avère : le faisceau lumineux diminue à vue d’œil, impossible d’éclairer mes pieds. Je vais donc devoir compter sur les faisceaux d’autres runners.
Mais mes espoirs s’amenuisent vite : nous sommes en effet peu de coureurs sur la distance et je me retrouve très vite seule. Je décide de coller un runneur pour au moins avoir la visibilité en amont.
Cela ne suffira pas : avec les pluies des derniers jours, le terrain est particulièrement boueux et je ne peux compter sur la luminosité générée par la lune pour m’aider. Au bout de seulement 5 kilomètres, je glisse dans une mare de boue, à plat ventre, lâchant un surnom d’oiseau dans la nuit. Mon prédecesseur s’arrête pour m’éclairer, mais en voulant me mettre au sec sur le côté du single en hauteur, je glisse sur le dos. Nous éclatons de rire : un peu plus, un peu moins, me voilà réveillée par cette douche froide !
ENTRE AJONCS, FORÊT ET RIVIÈRE
Inutile de vous dire qu’intérieurement, en bonne yogi, j’ai fait mes 108 salutations au soleil afin que l’astre suprême ne s’élève !
Après un départ entre singles forestiers et portions de bitume, il est enfin apparu lors de passages dans les champs recouverts de givre. Un pur instant de bonheur, le moment magique que j’adore lors des ultras qui se déroulent en partie de nuit : le sunrise !
Là, la donne a changé : place aux sentiers forestiers verdoyants, aux falaises de granite couverte d’ajoncs en fleurs !
Certes, il a fallu user de la corde sur certains raidillons glissants, mais au moins, je savais où je mettais les pieds !
Que la Vilaine est belle ! J’avoue avoir eu plus de plaisir à la surplomber qu’à la longer : les chemins de halage fort roulants sont parfois usants au bout d’une quarantaine de kilomètres…
J’ai bien évidemment partagé quelques moments du parcours avec des compagnons de fortune. Mais je me suis très souvent retrouvée seule : on est bien loin des trails en vue bondés de coureurs !
La distance solo unique pose déjà une barrière et j’avoue que je l’ai trouvée appréciable : se retrouver seule dans cette incroyable nature, en totale introspection, est juste un luxe de nos jours.
Inutile de préciser que les bénévoles étaient juste charmants, aux petits soins : chaque ravito a donné lieu à de sympathiques échanges.
Heureusement qu’ils sont là et un grand merci à eux : au milieu des champs de colza, mes allergies se sont amplifiées vers le 38e kilomètre. Alors que je courais en troisième position, une violente crise d’asthme m’a contrainte à m’arrêter. Ma meilleure amie dans ce contexte, la Ventoline, m’a alors été d’un grand secours. J’ai bien cru (les secours aussi) ne pas pouvoir repartir. Merci aux deux coureurs et à une traileuse qui se sont arrêtés en me voyant dans un tel état. Je les ai rapidement rassurés en leur disant que j’étais coutumière de ce genre de situation depuis plusieurs années.
J’ai ensuite repris ma course avec une plus grande vigilance, en promettant de m’arrêter à la moindre alerte.
Les poumons ont à peu près tenu le coup jusqu’à l’arrivée, malgré une raideur gênante au niveau de la poitrine.
MES IMPRESSIONS DE BEE FINISHER DU TRAIL DES GRANDS VALLONS DE VILAINE
Un ultra non-stop (les courses par étapes n’ont rien à voir) est une aventure qu’il ne faut jamais sous-estimer : le D+ et l’endroit ne sont pas les seuls critères de difficulté. Il faut aussi estimer la variété du terrain (roches, sables, racines…), les conditions climatiques, les relances, etc.
J’ai fini cette course en 10 h 54, première de ma catégorie et 5e féminine. Parcourir ces superbes paysages était un pur bonheur !
La campagne bretonne est juste magnifique !
Au fond de moi, cette petite victoire m’a rendue fière, car je ne pensais pas aller au bout vu mon état. La cause m’a bien évidemment portée, mais aussi mes pensées pour mon fils, Théo.
Le voir se battre depuis des mois contre sa maladie de Lyme qui le terrasse (il n’a parfois même plus la force de se lever) et a généré des co-infections sérieuses m’a donné de la force.
Avant de partir pour la Bretagne (il n’a pu venir), il m’a demandé de tout donner pour aider les associations et franchir la ligne. Cette pensée m’a portée.
Le petit noyau d’amis qui m’ont soutenue en amont et durant la course m’a aussi bien aidée.
Je suis partie avec un mental d’acier, même si le physique n’était pas présent.
Merci aussi à Franck, Anne pour son généreux accueil et à toute l’orga qui a vraiment assuré : la course est une vraie réussite !
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