La Bee est sur le podium du trail d'Isle avec ses cadeaux
Podium sur le 26 km du trail d’Isle

Le week-end dernier, je m’élançais sur la ligne des 26 kilomètres du trail d’Isle.

Une course absolument pas prévue dans mon calendrier, car j’avais couru un ultra trail 15 jours plus tôt en Bretagne et je serai sur mon deuxième triathlon dans moins d’une semaine.

Mais je descendais sur mes terres limousines ce week-end pour fêter les 20 ans de mon neveu. Mon frère qui court depuis des années m’a proposé ce challenge auquel il participait avec sa compagne, sur le 9,5 kilomètres.

Comme vous le savez, il ne faut pas titiller les baskets d’une Bee : je me suis dit que cela ferait une jolie sortie longue, pleine d’émotions. Isle, aux portes de Limoges, est en effet une petite commune où j’ai passé toute mon enfance.

De plus, 26 kilomètres était une distance tout à fait raisonnable pour arriver dans les temps à la fête d’anniversaire de mon neveu.

Je savais donc que le leitmotiv de cette matinée serait « souvenirs, souvenirs » !

L’ISLE AUX ENFANTS DE LA BEE

Campagne limousine avec ses vaches
La campagne limousine

Située dans la banlieue sud-ouest de Limoges en Haute-Vienne, Isle est une agréable commune de près de 8 000 habitants. Elle s’étend jusqu’aux bords de la Vienne et possède de nombreux espaces verts.

Mon enfance isloise pourrait se résumer, pour les gens de ma génération, aux premières paroles d’une chanson d’une célèbre émission des années 80 : « Voici venu le temps des rires et des chants, dans l’Île aux enfants, c’est tous les jours le printemps ».

J’ai passé une bonne partie de ma jeunesse dans cette commune à taille humaine où mon père était enseignant et entraînait les jeunes à la J.A. Isle, le club de foot local : certains pourront donc comprendre d’où me vient ma passion pour le sport.

Si j’ai quitté Limoges après mes études pour des raisons professionnelles, je reviens régulièrement me ressourcer sur mes terres limousines : la campagne verdoyante et vallonnée me manque, mais j’ai aussi ma famille qui vit encore là.

Je participe aussi régulièrement à la mythique course des « Gendarmes et des voleurs de temps » dans les Monts d’Ambazac, qui réunit nombre d’athlètes.

Depuis le décès de mes parents, j’avais eu beaucoup de mal à revenir dans cette petite commune qui avait bercé mon enfance…

Mais cette course allait être l’occasion de réminiscences…

LE TRAIL D’ISLE, UN 26 KILOMÈTRES INSCRIT AU CHALLENGE 87

La Bee sur le trail d'Isle
En course sur les sentiers limousins

M’étant inscrite en toute dernière minute, je n’ai pas eu le temps d’étudier le parcours et autres réjouissances? comme on peut le faire avant une course.

Ma priorité était surtout d’être présente pour le déjeuner auprès de ma famille pour fêter les 20 ans d’un beau jeune homme : le Covid nous a en effet privés de cette joie pour ses 18 ans, alors il n’était pas question de rater le coche.

J’ai donc rapidement consulté le site de la course pour voir si d’un point de vue logistique l’aventure était réalisable : départ à 9 heures, un D+ d’environ 650, c’était jouable.

Le départ était de plus donné au niveau du Château des Bayles, un premier nom évocateur : mon père enseignait en effet à l’école des Bayles, entraînait les jeunes en foot sur le stade de la J.A. Isle et j’ai fait mes premiers spectacles musicaux (oui, la Bee est musicienne !) dans ce superbe parc.

Un lieu chargé de souvenirs !

2 parcours sont proposés : un 10 km et un 26. L’ensemble des chemins sont privés et traversent des bois. Quand on connaît la campagne limousine, on ne peut qu’être charmé.

Le site faisait aussi mention de « surprises ».

Du sport, un peu de mystère, de l’émotion, du niveau (il y a quelques bons clubs dans le coin), la famille, j’étais séduite !

MON RÉCIT DE BEE SUR LE TRAIL D’ISLE

Un départ rempli d’émotion

Que j’aime ces challenges de dernière minute, sans pression, sans réelle préparation et dans des endroits qui te charment !

J’y retrouve toute l’essence du sport : le plaisir avant tout !

Préparant un triathlon de dernière minute (cela devient décidément une habitude !), j’avais pas mal donné au niveau entraînements pendant la semaine. Mais peu en course à pied : mes gambettes m’avaient en effet réclamé une petite récup après mon 85 kilomètres en Bretagne 15 jours plus tôt.

Je savais que la tâche serait lourde, tout autant qu’elles d’ailleurs !

8 h 27. Je passe devant mon ancienne école et la cour que mon père arpentait durant les récréations. Je peine à la reconnaître avec ses façades peintes de motifs colorés.

L’émotion m’étreint : la petite fille se souvient de ce lieu si familier, des odeurs, des pins…

Je longe le parc des Bayles et parviens sans peine à trouver une place au niveau d’un stade dont je ne me rappelle pas l’existence.

Je suis la seule au niveau du retrait des dossards et suis accueillie chaleureusement. Une discussion s’engage avec l’organisateur qui me demande ce qu’une athlète du PLM Conflans-Sainte-Honorine est venue faire dans cette bourgade ?

Il ne faut pas longtemps pour que des connexions se fassent…

Quelques minutes plus tard, j’aperçois mon frère et sa compagne : ils sont venus m’encourager sur la ligne de départ.

Ces moments de partage sont toujours très forts : je suis en effet toujours admirative et fière en voyant mon frère prendre un départ, alors qu’il est atteint d’une maladie invalidante, la spondylarthrite ankylosante. Il est un bel exemple d’humilité et de courage, de résilience aussi et d’acceptation.

Quand je suis dans le dur sur certains de mes challenges, je pense à lui et sa force me porte… Tout comme mon fils aujourd’hui…

Une course bucolique

9 h 00. Le départ est donné en toute simplicité : un peu de musique, un brief rapide pour rappeler la barrière horaire liée au passage d’un train, l’accent mis sur le plaisir du sport, le privilège de traverser une belle nature qu’il faut respecter.

Me voilà au centre du groupe, prête à gambader quelques heures.

Après un tour de stade, nous empruntons un sentier qui monte vers une forêt. Le ton est donné : cette promenade de santé sera champêtre !

Mes gambettes ont du mal à se dégripper : cela sent la rébellion interne !

« Tu nous avais promis un peu de relâchement pendant une quinzaine de jours ! C’est quoi ce délire ? » semblent-elles me dire.

Pas de panique ! Si sur les premiers kilomètres mon instinct de compétitrice m’invite à accrocher celle qui finira première (A.S. Saint-Junien), je me raisonne rapidement en pensant à mon futur gros challenge improvisé. Je baisse la cadence et écoute mes sensations. Je m’arrête même prendre des photos.

Nous traversons des endroits bien connus où je rendais visite à mes copines : Gigondas, Mérignac…

Les sentiers bucoliques se succèdent, les champs jaunissent sous le colza, les vaches ruminent dans leurs gais pâturages…

Que j’aime cette nature limousine préservée !

Puis arrivent les premiers raidillons non loin des bords de Vienne, ceux qui viennent te réveiller d’un coup les mollets, puis annoncent des descentes douloureuses pour mes quadriceps encore endoloris. Tout passe, je m’écoute…

Je suis rejointe par Marine, une jeune traileuse, voisine de mon frère. Nous échangeons et finirons l’épreuve ensemble : un bénévole nous annonce que nous sommes 2e et 3e au dernier ravito. Mais nous n’en avons cure, nous prenons du plaisir dans ces sous-bois.

Puis arrive la fameuse surprise : la traversée de l’Aurence ! Un passage plutôt large qui ne laisse aucun espoir : il va falloir mouiller les chaussures dans une eau froide et surtout ne pas glisser sur les pierres.

Le courant est rapide et monte à mi-mollets. Je suis à la fois amusée et agacée en pensant aux semelles spongieuses qu’il va falloir supporter sur les derniers kilomètres.

Un jeune homme dérape devant moi et peste en pensant à son téléphone qui a dû prendre l’eau dans son sac à dos. Pour ma part, je profite de cette cryo offerte pour relâcher un peu mes mollets.

VERS UN FINAL AVEC DE LA HAUTEUR

Après ce petit passage un tantinet périlleux, nous reprenons de magnifiques sentiers jusqu’à la commune d’Isle.

Mais alors que nous commençons à nous réjouir en entendant la voix du speaker plutôt proche, nous nous rendons compte qu’une grande descente nous en éloigne.

Nous nous encourageons mutuellement avec Marine pour ne rien lâcher. Néanmoins, nous savons qu’Isle est située sur les hauteurs et qu’il faudra ien à un moment remonter.

Cette descente interminable prend enfin fin avec la barrière naturelle de la Vienne : l’heure de la remontada a sonné !

C’est au mental de prendre le relais : la montée commence à travers champs, sur un petit single. Quelques personnes nous encouragent en nous disant qu’on y est presque, qu’il faut encore en garder sous le pied, car ça va encore monter, « sans compter les escaliers de la fin ! ».

Mesdames, messieurs, attention à la portée de vos paroles dans ces moments là : pas la peine dans les derniers kilomètres de vous sentir obligés de nous dire le relief du parcours en pensant nous aider. La vérité, c’est que ça finit d’entamer notre moral !

Je marche à présent pour garder quelques forces pour la dernière partie de la course : les escaliers qui nous amèneront vers le centre-ville. J’encourage Marine.

Nous apercevons sa fille qui est venue l’encourager, puis j’entends un peu plus loin, au pied des fameux escaliers, une voix familière : celle de mon frère qui m’exhorte à courir !

Mes jambes se relancent et j’attaque une à une les marches finales pour gagner enfin l’arche. Quel finish avec les spectateurs rassemblés sur cette place !

MES IMPRESSIONS DE BEE SUR LE TRAIL D’ISLE

La dernière côte avant les escaliers sur le trail d'Isle
Grimpette finale

Je finis 2e au scratch féminine et 1ère de ma catégorie sur cette course qu’il ne faut pas sous-estimer : il y a en effet énormément de relance et j’ai au final très peu marché. Ce que j’aime en trail, c’est que rien n’est gagné d’avance : la technicité du terrain, ta forme du jour, le D+, le temps, les relances, sont autant de paramètres qu’il faut prendre en compte.

Le temps était de la partie, ce qui a vraiment permis d’apprécier la beauté des paysages.

Faire un double podium dans cette ville où j’ai vécu toute mon enfance avait une certaine symbolique : j’ai eu l’impression de remonter dans le temps et de faire une véritable cure de jouvence.

J’ai bien évidemment pensé à ma famille, aux endroits où nous allions, aux souvenirs pendant toute la course. J’étais même contente et fière de pouvoir signifier mon attachement à Isle au micro du speaker.

Cette journée était une vraie fête familiale, tant au niveau sportif que personnel.