Il y a une semaine avait lieu le semi marathon des Foulées du Megara.
Les Foulées du Megara…
Un événement que j’attendais avec impatience après des mois de convalescence.
J’aime en effet concilier running et découverte de nouveaux endroits.
Mais courir à l’étranger peut parfois être source d’inquiétude : l’organisation est-elle bien gérée ? Le parcours est-il bien balisé ? Les ravitos sont-ils suffisants et en adéquation avec ma façon de m’alimenter et mes besoins ?
Une multitude de questions peuvent subvenir.
Je n’étais pas particulièrement inquiète avant de me rendre à Tunis pour les Foulées du Megara : j’avais en effet parcouru la page Facebook de l’événement qui n’en était pas à sa première édition.
Mais je ne m’attendais pas à un semi-marathon aussi exigeant et festif…
UN DÉPART FESTIF
Mon hébergement étant au pied des arches de la course, j’ai pu vivre tous les préparatifs in media res.
Croyez-moi, cette course n’a rien à envier quant à l’organisation et au parcours à celles de l’Hexagone !
Très tôt le matin, des équipes ont mis en place les arches (nos dossards avaient en effet des puces, détail mis en place l’année précédente) et les barrières fournies la veille par les services de l’ordre.
À 6 h 15, le boulevard était interdit et les arches montées.
Vers 7 heures, des runners ont commencé à affluer…
Si les températures sont encore un peu fraîches, une ambiance chaleureuse commence peu à peu à se faire sentir : une sono envoie de la musique.
Quelques runners commencent à s’échauffer tranquillement, des groupes se forment, des clubs se retrouvent.
Peu à peu la foule se masse près des arches : plus de 1 000 personnes sont attendues pour le départ du semi à 9 heures.
Je suis abordée par plusieurs abonnés de mes comptes Facebook et Instagram. Selfies, embrassades et discussions s’enchaînent. Je crois d’ailleurs n’en avoir jamais autant fait !
J’aime cet aspect positif des réseaux qui permettent de créer du lien et de générer de jolies rencontres sportives.
Je retrouve Riadh, l’organisateur discret de la course, qui s’est mis sur son trente et un pour la manifestation. Il arbore comme toujours un magnifique sourire. Son stress à moins d’une heure du départ est à peine perceptible.
Il faut dire que tout semble rôdé : un animateur commence à chauffer le public au micro, une séance d’échauffement est proposée à laquelle un public varié participe.
Dans le sas, l’ambiance est complètement déjantée : chants, rires, danses, sauts rythment cette attente survoltée.
Au passage, il faut noter 20 % de femmes présentes sur l’événement et elles se sont bien déhanchées, croyez-moi, dans le sas !
Tous les âges sont présents dans le sas : du junior au vétéran. Je croise même une jeune fille avec un dossard sur un petit vélo.
Pas de prise de tête pour se placer devant et faire un RP, l’ambiance est à la décontraction.
Certains guettent toutefois les drapeaux des meneurs d’allure : oui, les Foulées du Megara n’a rien à envier aux grandes courses !
L’animateur annonce soudain l’hymne tunisien et plonge la foule dans un silence respectueux.
Quelques secondes plus tard, le départ est donné avec l’avancée de la chamelle, suivie de la joëlette…
LES FOULÉES DU MEGARA, UN SEMI EXIGEANT AU CŒUR DE L’HISTOIRE
Ma convalescence m’a vraisemblablement rendue amnésique : je pars en effet derrière les pitbulls de la course qui descendent bien vite sous les 4’30 au kilo.
Mais mon pied encore engourdi par les visites de la veille me rappelle à son bon souvenir : il va falloir ralentir pour espérer franchir cette ligne d’arrivée qui me paraît si inaccessible dans l’immédiat.
La foule, massée sur les côtés des boulevards et des avenues, encourage fortement les athlètes et entonne même parfois des youyous : j’esquisse alors un sourire, éprouvant du plaisir et de la gratitude de me retrouver sur ces terres tunisiennes qui me sont chères, portée par ces cris et acclamations.
Je guette chaque coin d’avenue, espérant voir un monument, un site historique au loin : j’aime en effet cet aspect « touristique » quand je m’engage sur des courses à l’étranger, concilier course et découverte.
Parcourir Carthage, La Marsa, Tunis, sans être dérangée par la circulation est un privilège.
Mais je me rends vite compte que la Tunisie est loin d’être un plat pays : faux plats montants, raidillons, descentes, épingles, le parcours ne se prête pas particulièrement à un RP, comme le diraient mes copains amateurs de bitume.
Mais je ne suis pas venue avec cet état d’esprit et apprécie d’autant plus le challenge.
Nous passons devant l’impressionnante mosquée Malek Ibn Anas de Carthage avant de prendre une jolie descente.
Première petite épingle avec quelques pratiques étranges : des coureurs tentent de couper par l’arête centrale mais se font huer, certains ratent le tapis de détection des puces (placé sur un côte de la voie et pas forcément visible, il faut l’avouer) et font demi-tour après avoir été interpellés par d’autres.
Mais toute l’équipe de l’organisation veille au grain et ces petits couacs sont vite maîtrisés.
Premier ravito. Je profite donc de cette pause pour soulager mon pied et observer ce qui est proposé : eau, raisins secs, oranges… Il y a ce qu’il faut !
Je suis surprise de voir des runners qui marchent sur ces premiers kilomètres : manque d’entraînement ? Sont-ils partis trop vite ?
Commence alors une grande ligne droite : les autorités gèrent chaque carrefour et la circulation ne vient donc pas perturber notre avancée.
Je profite de chaque moment de la course, attentive toutefois aux sensations dans mon pied : je sais en effet que les douleurs apparaissent en général vers le 11 ou 12e kilomètre.
Un runner tunisien vient se caler sur mon allure et joue étrangement des coudes. Je lui souris : la route est large, il y a de la place pour tout le monde !
Mais arrive alors LE fameux passage dont les copains français qui connaissent la course m’ont parlé…
LES MONTAGNES RUSSES TUNISIENNES SUR LE SEMI MARATHON DES FOULÉES DU MEGARA
Lors de mon arrivée, j’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs runners français qui connaissent très bien ce semi, puisqu’ils le courent chaque année.
Or ils ont été unanimes : il est loin d’être roulant, surtout à partir du kilomètre 14.
Mes jambes peuvent aujourd’hui le confirmer !
Un rond-point décoré d’un bateau vient marquer cette étape : nous l’avons d’ailleurs surnommé le Titanic la veille !
Mon mental va être mis à rude épreuve, surtout après ces mois de convalescence et de disette en running, mais je refuse de sombrer, à l’instar du célèbre paquebot.
Je sais aussi que depuis ma reprise, les tiraillements et douleurs surviennent à cette distance. Même si j’ai géré ma vitesse pour m’économiser, j’ai été plutôt régulière et les chocs ont rendu mon pied sensible.
Les copains n’avaient pas menti : premier mur, un vrai raidillon et je sais que ce ne sera pas le dernier !
Je réduis ma foulée, toujours accompagnée de mon compagnon de galère qui est devenu soudain moins bavard et sue à grosses gouttes. Nous nous encourageons mutuellement.
Mais arrivés au ravitaillement suivant, il décide de s’arrêter. Je tente de le motiver à continuer avec moi, mais rien à faire.
Je reprends sur un rythme plus tranquille, car je sens une douleur sourde sous la bosse du gros orteil : mon nouvel appui me rappelle à l’ordre !
Je décide de marcher un peu pour détendre l’articulation et bien dérouler le pied (l’ombre bienveillante de ma kiné plane au-dessus de ma tête !), mais deux runners me prennent par les bras et m’entraînent dans leurs foulées sans demander d’explications.
J’arrive enfin sur la côte qui n’est que succession de montées et de descentes.
Je me retrouve alors avec une copine rencontrée sur les réseaux, avec laquelle nous nous encouragerons jusqu’au bout.
J’aperçois enfin avec bonheur l’arche d’arrivée : la foule s’est massée sur le boulevard pour encourager les runners. Quelle ambiance !
Je franchis l’arche avec un réel plaisir et suis accueillie par des copains tunisiens, par Riadh qui me félicite, mon guide de la veille qui est bénévole sur la course et qui m’embrasse et me félicite chaleureusement, mon contact de l’office du tourisme tunisien.
RÉCOMPENSES ET ÉMOTIONS
Quel bonheur de franchir cette ligne d’arrivée !
Depuis mon opération, je n’avais pas franchi la barre des 17 km !
Mais commence alors un festival de selfies : je retrouve en effet des abonnés Instagram et Facebook avec lesquels nous nous suivons depuis longtemps, ou qui m’ont contactée juste avant la course.
Un vrai plaisir de se voir dans la vie réelle et de partager nos impressions de course, nos difficultés sur ce parcours plutôt vallonné et un peu plus long que prévu : 21,4 km et près de 200 de D+.
Riadh m’appelle avec Serge, journaliste à Esprit Trail, pour remettre les prix : une coupe revient aux 5 premiers au scratch (masculin et féminin) ainsi qu’une enveloppe, puis aux premiers par catégories.
Mais ne croyez pas que ce semi des Foulées du Megara ne rassemble que des runners venus faire leur sortie longue du dimanche.
En témoigne le superbe chrono du leader masculin, Atef Saad, qui l’emporte sur ce parcours exigeant en 1 h 03 et 57 s ! Il fait d’une pierre deux coups en battant le record de l’épreuve.
Chez les femmes, c’est Belgacem Mahbouba qui franchit la première la ligne en 1 h 24 et 16 s !
Le podium témoigne d’un niveau relevé.
Pour ma part, je finis en 1 h 49, 2e de ma catégorie.
Mais ce qui est particulièrement émouvant, c’est de voir les familles des athlètes monter sur les marches : la maman, fière de son fils, accompagnée de son petit-fils…
Des moments de tendresse qui font du bien…
MES IMPRESSIONS SUR LE SEMI MARATHON DES FOULÉES DU MEGARA
Quel plaisir de pouvoir remettre un short et un débardeur pour courir sous les températures clémentes de la Tunisie au début du printemps !
Situé dans la ville côtière de La Marsa, cet événement a des allures de vacances : plage, soleil, palmiers, ambiance légère, tout est réuni pour vivre un moment exceptionnel.
L’organisation est un point fort : Riadh s’emploie chaque année à améliorer cet événement, épaulé par la municipalité, des sponsors et d’autres acteurs. Il rassemble ainsi des milliers de runners de plusieurs nationalités autour de cette course qui devient un incontournable.
On retrouve d’ailleurs sur ce semi les incontournables qui en font la réussite : chronométrage par puces, meneurs d’allure, médailles, ravitaillements fournis, circulation fermée et points sensibles gérés par les autorités, dotations de sponsors…
J’ai été séduite par cette ambiance légère, ce brassage d’âges, de nationalités, de tenues vestimentaires (certains ont couru en tenue de ville, d’autre déguisés…), cette communion autour d’une passion : le running.
Pour ma part, j’ai préféré la deuxième partie de la course, même si elle était plus exigeante : longer la côte m’a plu. Dans mes rêves les plus fous, j’aurais aussi aimé pouvoir passer au cœur ou en proche périphérie de la cité antique de Carthage.
Mais il paraît qu’un trail urbain a lieu vers l’automne et qu’il pourrait répondre à ma curiosité de runneuse et de spécialiste de l’Antiquité…
Affaire à suivre…
Rendez-vous pour un troisième volet consacré à la découverte, avant la course, de l’environnement de cet événement…
En effet et pour répondre à votre rêve il existe une course nommée run in carthage 18,5kms en début de l’automne qui se déroule sur les hauteurs de Carthage Sidi Bou Said et la Marsa. Vous serez la bienvenue.
merci…
Magnifique course et magnifique récit.
Moi aussi c’était la première fois.