La Bee court sur les sentiers des monts de la Vallée du Rift au Kenya

Vous allez découvrir dans cette partie les réelles motivations de ma venue au Kenya : partir à l’aventure dans une contrée, m’entraîner avec des athlètes émérites, mais aussi découvrir la genèse d’un nouveau trail au Kenya.

Lors d’échanges avec Erick avant mon départ, il avait esquissé les grandes lignes de son projet fou : ce passionné de sports outdoors a en effet immédiatement repéré le potentiel de la vallée du Rift dont je vous ai parlé dans mon précédent article.

Il m’a donc naturellement demandé si j’accepterais de découvrir une partie du parcours qu’il envisageait de proposer pour sa future course.

Quand on titille le point faible d’une Bee, on fait tout de suite mouche !

Vivre la genèse d’un projet avant qu’il ne soit dévoilé, y contribuer indirectement et modestement ne pouvait que m’émoustiller.

Je m’attendais donc à vivre une aventure sportive singulière, mais pas d’une telle intensité…

SOS d’une Bee en détresse

La Bee court avec son coach sur un sentier kenyan
Entraînement trail au Kenya

Inutile de vous dire qu’il existe de grosses différences entre la région parisienne et le Kenya !

A commencer bien évidemment par le climat, même si cette année, nous avons subi une période de canicule.

Quand je suis arrivée le vendredi midi à Nairobi, le thermomètre affichait un beau 25 degrés. Des nuages gris et épais obscurcissaient le ciel, faisant poindre la menace d’un orage.

Mais l’une des plus grosses différences avec Paris est l’altitude : Nairobi se situe en effet à 1795 mètres, alors que Paris n’est qu’à 35 mètres ! Alors imaginez quand je suis arrivée à Subukia !

Croyez-moi, on ne perçoit pas immédiatement les effets de l’altitude. Mais lorsque mon coach Samwel m’a proposé une première sortie trail sur du plat, j’ai vite compris ma douleur.

Je ne saurais dire quelle a été ma principale difficulté :

  • suivre une machine de guerre lancée à une allure moyenne de 16 km/h : je précise d’ailleurs que ladite machine avait eu un problème mécanique la mettant à l’arrêt depuis plusieurs semaines. Heureusement pour moi d’ailleurs, sinon j’aurais explosé !
  • tenter vainement de retrouver mon souffle : quand on est asthmatique, on se sent bien vite oppressée. Altitude ? Poussière des routes ? Chaleur ?

J’ai en tout cas véritablement pris une grosse claque lors de cette première sortie : sur une boucle d’une dizaine de kilomètres relativement plate, j’avais l’impression d’être au bout de ma vie !

Imaginez : j’ai dû demander à mon coach Samwel, moi la Bee survoltée et inarrêtable, de faire une pause !

Une phase d’acclimatation s’imposait…

Une acclimatation progressive

La Bee et son coach sont devant une pancarte d'un point de vue de Subukia, à 2350 mètres d'altitude.
Point de vue sur Subukia

Dans mon programme, nous avions convenu avec Samwel de faire du biquotidien. Une formalité pour mon coach qui a l’habitude de venir quotidiennement en courant travailler à la ferme !

Heureusement, le deuxième entraînement trail de la journée s’est mieux déroulé : nous avons en effet emprunté des routes assez plates, à une allure plus modérée.

Malgré une chaleur étouffante, j’ai éprouvé de meilleures sensations.

Mais ma tenue pink paradise WAA – ou simplement ma couleur de peau de « mzungu » – a attiré pas mal la population. De nombreux jeunes sortant de l’école nous ont accompagnés.

Tu connais alors de véritables moments de solitude, quand tu vois des bambins d’une dizaine d’années courir avec leurs chaussures défoncées et inadaptées à tes côtés.

Pas une trace de sueur sur leur visage alors que toute l’eau de ton corps s’évapore !

Tu prends alors conscience d’une réelle injustice métabolique : pendant que tu craches tes poumons, ils avancent en bavardant à leur allure seuil, avec de lourds bagages et en tenue de ville !

J’ai commencé à me sentir véritablement mieux au bout de la deuxième journée de ce traitement sportif.

Le coach Samwel en a profité pour me faire courir un peu plus en altitude : nous avons donc arpenté les collines au-dessus de Muringa Farm, avant une expédition à Nyahururu…

Nyahururu, un spot pour le D+

Chutes de Thomson qui s'écoulent avec un grand fracas et des projections d'eay
Les chutes de Thomson

Les écovolontaires qui séjournaient à Muringa Farm dans des bandas voisines avaient une excursion prévue à Nyahururu.

Cette petite ville offre deux attraits majeurs : les fabuleuses chutes de Thomson et la présence d’hippopotames en liberté dans une rivière.

Mais Erick avait aussi fait vibrer mes antennes de Bee en évoquant l’escalier des chutes : un enchevêtrement asymétrique de marches assez raides où les runners kenyans font des répétitions qu’il marquent d’un caillou blanc.

L'escalier qui sert de terrain d'entraînement pour le dénivelé aux Kenyans
Un escalier parfait pour des répétitions

Je ne pouvais donc passer à côté d’une telle aventure.

Mais je ne m’attendais pas à de tels raidillons : la descente vers les chutes a déjà été périlleuse.

Puis comme vous pouvez l’imaginer, j’ai voulu jouer la gazelle kenyane : j’ai donc tenté avec les runners du coin les répétitions de montées de marches. Mais je n’ai guère laissé de cailloux blancs pour marquer mes séries, entre la chaleur écrasante et les discussions avec mes comparses runners.

Un runner kenyan adepte des marches

Si vous passez dans le coin, je vous recommande en tout cas ce spot parfait pour une séance spécifique de côtes, en compétition avec des runners affûtés.

Vous pouvez même faire du fractionné sur un anneau. En revanche, je n’ai pas vu l’ombre d’un hippopotame…

Genèse du Trail des deux hémisphères

On aperçoit la Vallée du Rift depuis une colline verdoyante
La Vallée du Rift

Le point d’orgue de mon séjour sportif devait être la reconnaissance d’une partie du parcours qu’Erick avait imaginé pour son futur trail.

Alors pourquoi ce nom de Trail des deux hémisphères ? Simplement parce que la ligne de l’équateur passe non loin de Subukia, séparant les deux hémisphères. Une véritable singularité !

Mais nous ne sommes pas là pour un cours de géographie !

Après ma période d’acclimatation plutôt intense, il était temps de passer aux choses sérieuses : découvrir quelques kilomètres du futur trail.

Malheureusement, un orage s’est déclaré le jour où nous devions faire la reconnaissance.

Nous avons donc dû improviser un peu. Nous sommes partis en moto avec Erick au pied des monts de la vallée. Notre ascension a alors commencé à travers des sentiers très étroits et techniques, mais avec un atout non négligeable : l’ombre.

Notre périple nous a menés à près de 3000 mètres d’altitude, au milieu de prairies dominant la Vallée du Rift, d’arbustes aux odeurs variées, sur des sentiers serpentant entre des hameaux.

Au coeur de la verdure apparaît la basilique de Subukia
La basilique de Subukia

Un enchantement pour les yeux, fort dépaysant.

Nous avons parcouru ainsi une vingtaine de kilomètres avec un D+ intéressant : des montées usantes et quelques descentes techniques, tous les ingrédients pour réussir un bon trail.

Mes impressions de Bee sur la genèse de ce trail au Kenya

Une Bee au milieu de la végétation kenyane

Je n’ai donc malheureusement pu reconnaître qu’une petite partie du futur trail : les conditions météorologiques n’étaient en effet pas favorables pour aller jusqu’au plus haut sommet.

Nous avons aussi un peu tâtonné pour retrouver certains sentiers : mais n’est-ce pas cela la véritable aventure ?

De plus, comme je vous l’ai indiqué dans le titre de l’article, « Genèse d’un trail au Kenya », Erick n’en était qu’à l’ébauche de son parcours. Il lui reste à le finaliser et à tracer plus proprement les sentiers. Mais à l’heure où j’écris, son projet a déjà bien avancé a priori.

Ce qui est certain, c’est que la région a un sacré potentiel pour accueillir des traileurs : la nature offre en effet des paysages de rêve, verdoyants, odoriférants à souhait, dépaysants.

De vraies cartes postales !

Le coach Samwel est vraiment très impressionnant : une machine de guerre ! Il a dû faire preuve de patience pendant ma période d’acclimatation.

Je suis néanmoins contente de l’avoir fait un peu suer lors de notre sortie dans les collines : je ne l’avais en effet pas vu transpirer jusqu’alors.

Mais je me sens à l’aise dans les montées et imprime en général un bon rythme : je l’ai vu pour la première fois suer et enlever son tee-shirt…

Les Kenyans seraient-ils moins à l’aise en trail que sur un marathon ?

J’espère très bientôt en tout cas pouvoir vous faire partager cette aventure avec un petit film sur la genèse de ce trail au Kenya.

Si vous souhaitez réagir à cet article, poser des questions ou commenter, vous pouvez le faire via ce blog. N’hésitez pas à partager l’article sur vos réseaux s’il vous a plu et à le noter.