La Bee au sommet du col à 1962 mètres sur le Gr20
Col à 1962 mètres gr20

Le GR20 n’en finit pas de faire couler de l’encre sur mon blog !

Il faut bien le dire, l’écriture de ce périple est comme la lecture d’un bon livre : je freine en effet un peu le récit, de peur de refermer trop vite cet épisode marquant de ma vie.

Ralentir cette narration, c’est un peu comme rester dans ces montagnes corses.

En ces temps de convalescence pour mon hallux valgus, j’apprécie particulièrement de me remémorer l’aventure.

De plus, l’étape dont je vais vous parler est certainement l’une de celles que j’ai préférées.

Je vous ai quittés aux bergeries d’u Vallone où la forme n’était pas vraiment au rendez-vous.

Mais notre rencontre de la veille m’avait reboostée un peu, malgré la fièvre.

Quant au repas de la bergerie, c’était Byzance !

Après un réveil plutôt matinal, comme nous avions des étapes à doubler, nous avons donc plié tentes et bagages avec Morgane pour nous mettre en route vers Ciottulu di i Mori.

PROFIL DE L’ÉTAPE

Profil de l'étape 5 du gr20
Profil étape 5 GR20

L’étape est plutôt courte sur le papier, mais je vais me répéter en disant qu’il ne faut pas s’y fier sur le GR20.

Kilomètres : 6,5

Dénivelé positif : 620

Dénivelé négatif : 80

Temps estimé : 4 heures

Nous avons demandé à des randonneurs venant en sens contraire comment était le terrain : si la première partie de l’ascension sous les arbres semblait plutôt sexy, je me faisais une idée de la deuxième dans la roche, pour arriver à plus de 1900 mètres.

Nos mains allaient une fois de plus être nos meilleures alliées !

UNE ASCENSION EN PLEIN CAGNARD

Joli ruisseau en pleine montée du GR20
Joli ruisseau sur le GR20

En quittant les bergeries, nous sommes plutôt guillerettes : nous empruntons une longue portion à flanc de montagne, mais d’immenses pins nous protègent du soleil.

Voilà le genre de sentiers que j’apprécie, sur lesquels je chaufferais presque mes trails, si les maux de tête et les 13 kilos que je supporte sur le dos ne me freinaient pas.

Nous croisons plusieurs groupes sur le premier kilomètre qui ne pose aucun problème.

Bon, il faut tout de même toujours se concentrer sur l’endroit où on pose ses pieds. On est sur le GR20 quand même !

Nous recroisons deux Bretons avec lesquels nous conversons depuis deux jours : ils abordent en effet un peu l’aventure comme nous, en détente.

Mais visiblement, ils ont un peu trop fait couler la Pietra la veille : la journée va être très longue pour eux.

Nous les retrouvons d’ailleurs un peu plus haut, près d’une petite cascade où ils s’hydratent et prennent le temps de tremper leurs pieds.

La vue est juste magique, avec la vallée en contrebas, les sommets, et un lac au loin.

Nous faisons une jolie pause photos pour profiter de ce merveilleux paysage.

Pourquoi se challenger sur un aussi beau parcours et passer à côté de tous ces merveilleux panoramas ?

Mais ce qui nous attend ensuite nous remet immédiatement dans le bain : fini la promenade de santé bucolique, place au raidillon !

Les choses prennent une autre tournure et nous retrouvons l’aspect minéral des montagnes corses.

Le soleil tape fort sur ces plaques et ces roches. Il faut ranger les bâtons, chercher les bonnes prises pour les mains.

Frison-Roche n’a qu’à bien se tenir !

Sur les plus beaux spots, nous retrouvons quelques groupes, portables à la main pour immortaliser l’instant.

Mais nous n’avons qu’une hâte avec Morgane, entre deux jurons qui scandent une glissade ou une pierre qui se détache : arriver au sommet du raidillon !

RESPIRER L’AIR PUR À 1960 MÈTRES SUR LE GR20 !

Bocca di i fuciale 1962 mètres
Bocca di i Fuciale GR20

Mais alors que nous sommes en-dessous d’une dernière roche à escalader, dans un endroit un peu périlleux, un traileur zélé bouscule Morgane !

Certains ont bien du mal à contenir leur testostérone !

Voyant le sommet approcher et des groupes épars admirer le panorama, je comprends qu’une accélération pour la gloriole puisse gonfler l’ego de certains !

Mais quand on fait porter ses affaires et qu’on met en danger des randonneurs qui sont dans des endroits dangereux, j’appelle ce genre de personnes des guignolos !

Ceux qui vivent une aventure authentique du GR20, avec en plus la charge d’un sac ou d’une tente, on les respecte !

J’ai décidément bien du mal à comprendre ces personnes qui se prennent pour des héros et font les choses pour se donner une contenance auprès des autres.

Mais l’incident est vite oublié en voyant le spectacle qui s’offre à nous : ce col de Bocca di Fuciale, à 1962 mètres, est juste extraordinaire !

Nous restons plusieurs minutes à admirer cette vue, ce paysage grandiose.

Chose incroyable, il y a du réseau !

Parfois, on regretterait pourtant presque cette incursion de la civilisation : nous apprendrons en effet le décès du président du club d’athlétisme de Conflans sur ce spot…

SOMPTUEUSE VALLÉE DU GOLO, DÉPART DE L’ÉTAPE 6 DU GR20

Le Golo et ses vaches, GR20
Vallée du Golo GR20

Après avoir retrouvé nos esprits et enfilé une petite veste (le vent a vite séché la transpiration de l’ascension), nous décidons de ne pas gagner le refuge quelques mètres plus loin.

Des randonneurs nous ont en effet appris qu’il n’y avait plus d’eau et que l’accueil n’était pas des plus chaleureux. Plusieurs d’ailleurs choisiront cette option pour les mêmes raisons.

Nous suivons donc le magnifique sentier un peu casse-pattes de la 6e étape : il descend dans une belle vallée, le long du Golo qui est le plus long fleuve de Corse (72 kilomètres apparemment).

Bon, le débit en ce mois de juillet est plutôt faible, mais il reste de l’eau et quelques vasques paradisiaques.

D’ailleurs, les vaches sont bien présentes sur le sentier et depuis notre aventure de la veille, nous ne les regardons pas du même œil avec Morgane.

Mais il est hors de question de rater une occasion de baignade : nous nous déchaussons et faisons une petite trempette bien fraîche dans notre vasque privatisée.

Voilà le GR20 comme je l’aime !

Nous croiserons d’ailleurs plusieurs randonneurs le long du Golo qui auront la même envie de trempette, oubliant parfois qu’ils ne sont pas seuls au monde (clin d’œil à deux baigneurs rencontrés nus comme des vers).

Mais la rencontre la plus incroyable restera celle d’un muletier, très impressionnant, avec ses trois chiens.

« Où vas-tu, petite ? Si tu allais vers le Nord, j’aurais pris ton sac sur ma mule » me lance-t-il.

Je ne demande pas mon reste et file tête baissée.

Morgane n’aura même pas droit à un mot..

UNE HALTE BIEN MÉRITÉE

Baignade dans le Golo GR20
Trempette dans le Golo Gr20

Hasard des sentiers, je ferai un peu plus loin une rencontre fort surprenante, surtout au cœur des montagnes : en effet, un traileur s’arrête en voyant mon tee-shirt de running yogi et me demande si je suis l’organisatrice d’une course ?

Il s’’agit en fait de l’organisateur de l’ultra trail Terre des Dieux, un challenge juste incroyable : 165 km et 11000 de D+ sur le parcours du GR20 en grande partie, avec un temps limite de 72 heures !

Il m’invite d’ailleurs à y participer le 20 juillet. Mais je lui explique que ce n’est pas d’actualité, que la fièvre et la fatigue sont bien présentes et que si déjà je finis ma randonnée, je serai la plus heureuse des randonneuses.

La descente se poursuit sur des sentiers bien rocailleux, parfaits pour se tordre une cheville.

’en profite pour sensibiliser les marcheurs que je rencontre à la maladie de Lyme. Plusieurs me diront d’ailleurs avoir des proches qui en sont atteints…

Triste constat de la progression de cette cochonnerie !

Un pont plus loin et nous arrivons à un genre de petit refuge qui sera une des plus jolies haltes de notre GR : nous pouvons en effet y trouver de la pastèque, du melon (les fruits sont rares sur le GR) et la cuisine y est délicieuse.

Nous partageons notre repas avec les copains bretons.

Mais nous avons encore une longue route pour boucler ces étapes du jour, soit 32 kilomètres !