Une semaine s’est écoulée quasiment depuis mon retour de Suisse où j’ai couru le 53 km du LG Trail de Genève.

Je me suis en effet octroyé quelques jours de récupération : mon organisme malmené me les a réclamés.

Courir avec une côte cassée n’est pas chose aisée : combien de fois me suis-je maudite pour avoir pris ce départ dans de telles conditions.

Mais comment se raisonner quand on a mis en place toute une logistique ? Et je suis certaine que vous connaissez cette petite voix qui vous insuffle des « essaye, tu verras bien », alors que le corps envoie des signaux de détresse.

Quand il s’agit en plus de découvrir une région que je ne connais pas, je n’ai plus aucune volonté.

Munie de mes trails New Balance et de ma tenue WAA, j’ai donc pris la route pour la Suisse.

Objectif : se mettre au vert et courir dans les montagnes, tester ma forme avec ma côte déglinguée.

Croyez-moi, je n’ai pas été déçue…

Des parcours adaptés sur la LG trail

Sur les crêtes du Jura suisse

Si vous avez envie comme moi de vous mettre au vert en Suisse en vous challengeant, le LG trail est parfait : en effet, pas moins de 8 parcours sont proposés pour tous.

Selon votre niveau, vous trouverez forcément le format pour vous faire plaisir :

  • la LG : c’est la véritable, la grande course qui relie Lausanne à Genève. 120km et 4000 de D+. L’occasion d’aller gambader sur les crêtes du Jura avant de gagner les plaines qui mènent à Genève. Vue imprenable sur la chaîne des Alpes.
  • la LG half : 53 km et 1600 de D+, soit la moitié de la grande, afin de découvrir le col de la Dôle et quelques crêtes jurassiennes.
  • la LG relais 4 : il s’agit du même tracé que la LG, mais 4 coureurs se relaieront pour effectuer la distance.
  • la LG relais 2 : deux coureurs effectueront en relais les 120 kilomètres qui séparent Lausanne de Genève.
  • la LG urban trail : vous préférez le trail urbain de nuit ? Explorez Lausanne comme vous ne l’avez jamais encore vu pendant 18 kilomètres à la frontale.
  • la LG express : 18 km pour découvrir les sentiers genevoix et arriver face au mythique jet d’eau de la ville.
  • la LG walking : vous êtes adepte de la randonnée ? Il est possible de parcourir les sentiers de la LG express en marchant.
  • la LG kids : si vous venez en famille, des courses allant de 1 à 3 km sont proposées aux enfants.

Il y en a donc pour toutes les envies. Mais ce qui est certain, c’est que les décors sont à couper le souffle et le public chaleureux.

Une Bee sur le Half de la LG trail en Suisse

Une Bee au départ de la LG Half

Au mois de juin, j’avais choisi de m’inscrire sur le half de la LG trail en préparation de mon ultra trail en Inde.

Même si les 120 kilomètres de la LG titillaient mes baskets, afin de découvrir plus de paysages, j’avais choisi d’être raisonnable.

Les gros challenges demandent en effet une préparation importante : avec ma vie professionnelle et celle de maman, cela nécessite certains sacrifices familiaux. J’ai mes priorités, je ne suis qu’une amatrice.

Je ne savais pas en plus, à ce moment, que j’avais des talents de cascadeuse et que j’allais prendre le départ avec une côte cassée.

Un sacré handicap pour une longue distance !

Je trouvais de plus intéressant d’avoir une variété de paysages : de la montagne et des plaines, avec en toile de fond le lac Leman et la chaîne des Alpes.

Sans compter le grand, l’immense, le fabuleux, le superbe Mont Blanc !

Après quelques visites préoccupantes chez le médecin, j’ai tout de même décidé de ne rien lâcher et de prendre le départ : difficile en effet de renoncer à un week-end en famille prévu de longue date.

Je rêvais intérieurement en plus de découvrir le Jura suisse et de revoir le Mont Blanc.

Je me disais même que si ma forme le permettait, je pourrais aller donner deux ou trois coups de pagaie sur le Lac Leman…

Un départ dans le jus

Village suisse de Saint-Cergue

Inutile de vous dire que j’étais quand même très angoissée le samedi matin, à 6 heures, quand il a fallu se rendre dans le village de Saint-Cergue.

On se demande parfois, quand tout va bien, pourquoi on est là, sur cette ligne de départ. Mais quand en plus, on part avec une blessure…

Coup de folie ? Orgueil mal placé ?

« Ne pas tomber pour aggraver la fracture », « ne pas hyperventiler » : deux phrases que je n’ai cessé de me répéter et qui ont quelque peu pollué mon esprit.

Mais à peine arrivée, les bénévoles sur place m’ont tout de suite mise dans l’ambiance : quel accueil !

Malgré la fraîcheur liée à l’altitude, le café chaud et les douceurs proposées ont réchauffé nos corps et nos cœurs de coureurs.

Mais une fois mon dossard accroché, j’ai pris conscience je crois de l’ampleur de la tâche : elle n’allait en effet pas être mince.

Quand ta côte te lance déjà sur de petites distances, la gestion de la douleur peut devenir angoissante.

Mais peu importe : je n’avais pas d’objectif de chrono.

Ma seule vraie pression était de faire la partie en montagne. Je voulais en effet absolument aller au sommet de la Dôle, soit à près de 1700 mètres afin de voir un panorama enchanteur.

J’étais même persuadée qu’en marchant vite, je pouvais y arriver. La question de la barrière horaire me taraudait un peu, mais bon : on aviserait.

8h15 : un brief sur la ligne de départ nous permet de constater que ce half de la LG trail ne va pas être une promenade de santé : derrière l’arche se trouve en effet le premier raidillon de la journée.

Qu’importe, ne pas se laisser dépasser par le stress et gérer le rythme sans se soucier des autres…

Des paysages à couper le souffle

Des côtes qui piquent

Je n’aurai qu’un mot pour résumer les 30 premiers kilomètres du Half de la LG trail : régal !

Un pur régal pour les yeux et pour l’ambiance !

Passé la première montée très raide, on est immergés au cœur de la montagne. Prairies et forêts déroulent sous nos pieds, au son des cloches des vaches suisses.

Le panorama est tellement fabuleux que je parviens à ne plus me focaliser sur ma douleur pourtant lancinante.

Quelle vue sur le Lac Leman et la chaîne des Alpes !

Brume sur le Lac leman et chaîne des Alpes en fond

Cette communion avec la nature me presse à m’arrêter plusieurs fois pour immortaliser l’instant. Respirer profondément… Ancrer le souvenir…

Sans trop m’en rendre compte, j’arrive sur le premier sommet de la Barillette. L’occasion de faire le point : en continuant à cette allure, sans hyperventiler, je devrais arriver avant la barrière horaire à la Dôle.

Un objectif improbable que je me suis fixé la veille en apercevant depuis mon chalet cette boule blanche trônant sur un sommet. Après le Mont Tendre, la Dôle est le deuxième plus haut sommet du Jura.

Mais après le ravitaillement, mon esprit commence à se focaliser sur les racines : l’angoisse m’étreint. Le médecin m’a surtout recommandé de ne pas tomber car cela pourrait aggraver ma fracture. Je prends alors conscience de mon stupide entêtement.

Si jamais je chute, plus d’ultra en Inde ! Adieu mon challenge de l’année !

Est-ce que cela valait la peine de prendre de tels risques ? Je peste contre ma stupidité. Mais étrangement, je ne songe pas à m’arrêter, à abandonner.

Pourtant j’ai évoqué très sereinement cette possibilité la veille, en famille : j’ai passé le pacte de m’arrêter si je me sentais trop en danger ou si la douleur devenait intenable.

Un regain de positivité

La Dôle

Tandis que je tergiverse un peu, maudissant chaque racine et chaque obstacle susceptible d’engendrer une chute fatale, j’aperçois enfin la fameuse boule blanche – le bout du tunnel ! – là en face de moi.

Elle domine fièrement sur un sommet minéral : l’ascension ne va pas être aisée, mais étonnamment, mes émotions basculent. L’angoisse disparaît pour laisser place à l’envie.

Je n’ai plus qu’une idée en tête : accéder à cet objectif improbable, coûte que coûte !

Je reprends un rythme plus soutenu. Les cloches des vaches que j’entends au loin me permettent d’imprimer une cadence. Je me rapproche petit à petit, mon cœur palpite d’excitation. Mais même le sentier vertigineux qui mène à mon Graal ne m’arrête pas.

Parcours des crêtes

Enfin, j’accède au sommet, sous les encouragements de supporters chaleureux. Je ne sais pourquoi, mais les larmes montent. J’ai pourtant connu des épreuves plus difficiles… Mais je ne suis jamais partie dans de telles conditions, avec de tels enjeux par la suite…

Etrangement, la situation a basculé à partir de ce moment : j’ai su que j’irais au bout de l’aventure…

La descente jusqu’à Genève n’aura pas été une mince affaire : entre fatigue et posture, les douleurs se sont un peu accentuées. J’ai également un peu moins aimé le parcours, d’abord champêtre mais plutôt plat, puis urbain.

Mais l’arrivée sur les quais du Lac Leman jusqu’aux Bains de Pâquis reste un moment extrêmement fort : la vision du jet d’eau au loin est exceptionnelle.

Contents de regagner l’écurie, nous avons sprinté avec un de mes comparses jusqu’à l’arrivée.

6h46, 6ème V1F, 63ème au général, mais surtout finisher d’une course contre la douleur.

Je ne pouvais espérer mieux avant de me lancer dans mes prochains challenges : un vrai fortifiant mental !

Mes impressions de Bee

UNe Bee finisher du Half LG trail

Après quelques jours de repos, il est temps de faire le point sur ce Half LG trail en Suisse. Peut-être aurez-vous ainsi l’envie de prendre un départ l’année prochaine.

Les plus

  • les bénévoles sont très impliqués : l’accueil est chaleureux, tout le monde est aux petits soins. Que d’échanges sympathiques !
  • les ravitaillements sont généreux : fromages et charcuteries permettent de découvrir la gastronomie suisse. On complète ainsi l’effort physique par une promenade culinaire ! Mention spéciale à la viande des grisons qui permet un apport salé en protéines de luxe !
  • les paysages à couper le souffle : je suis fan ! Surtout de ceux aperçus depuis les crêtes. Le lever du soleil reste parmi les plus beaux de ma mémoire. La chaîne de montagnes derrière le Lac Leman est juste incroyable. L’arrivée sur les quais de Genève est superbe.
  • la diversité des sentiers : sable, racines, sous-bois moelleux, roches, route, que de diversité ! Mais si certaines parties sont plus techniques sur les crêtes, il est possible de dérouler en plaine.
  • les supporters inattendus : quel concerto de cloches ! On a juste envie de faire une ola aux vaches suisses qui nous transportent dans leur univers champêtre.
  • la casquette offerte à chaque concurrent : elle est très sympa et pleine d’humour, représentative du LG trail et de la Suisse.
  • la médaille des finishers : je la trouve vraiment très belle, avec une forte symbolique.
  • la variété des stands du village de la course : de nombreuses animations sont proposées pour tous. La tartiflette embaume tout le quai et il règne une ambiance vraiment festive.

Les moins

  • quelques problèmes de balisage : j’ai eu en effet plusieurs retours à ce sujet. Je me suis moi-même perdue à un moment – une descente de plus d’1 kilomètre qu’il a fallu remonter. Mais c’est aussi ce qui fait les joies du trail : bien observer pour se repérer.
  • une deuxième partie plus fade : j’ai effectivement moins aimé, après cette immersion dans les montagnes, les parties un peu plus bitume et champs en arrivant dans le pays genevoix. Mais cela reste très personnel.
  • l’absence de navettes pour se rendre sur les départs : selon moi, c’est un peu le point faible de l’événement. Certains ont en effet dû coucher sur place dans leurs voitures – mais après, il faut venir les récupérer ! – d’autres ont pris le train très tôt. J’ai choisi pour ma part le camping à la frontière : les tarifs des BNB et hôtels sont en effet excessifs en Suisse – nous n’avons pas le même niveau de vie en France – et les prix de l’hébergement flambent. Si vous êtes intéressés, je vous donnerai les coordonnées : un chalet pour la famille en camping reste accessible côté français. J’ai néanmoins dû solliciter mon conjoint très tôt pour me conduire à Saint-Cergue.

Prête à recommencer ?

Rencontres avec des vaches Milka

Pourquoi pas, mais pas dans ces conditions, même si la météo était idéale : courir avec une blessure est stressant. On se contracte et on n’a pas l’esprit vraiment libre.

En revanche, je partirai plutôt sur la véritable LG trail permettant une vraie immersion en Suisse : les paysages m’ont séduite, surtout ceux depuis les crêtes. J’ai adoré la partie montagneuse et les rencontres avec les fameuses vaches Milka. J’ai aussi bien aimé l’ambiance de course et la convivialité.

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