Arrivée du Mille

Chers lecteurs, je vous ai quittés dans l’épisode précédent alors que je venais de franchir la ligne d’arrivée du Mille de ma compétition de stand up paddle dans le Morbihan, mon paddle gonflable sous le bras. Un grand moment de fierté pour ma première en mer qui m’a donné de fortes suées.

Mais j’ai aussi pris conscience d’une certaine réalité : on ne s’improvise pas championne de stand up paddle avec un entraînement occasionnel sur des étangs et en mer ! La discipline est en effet exigeante. Même si j’ai acquis un peu de technique sur les lacs, la mer n’est pas un long fleuve tranquille !

Que dire des conditions météo ! Des vents contraires soufflaient en effet de 25 à 35 km/h sur cette épreuve du Mille. Nous avons dû lutter de la cale du Dédale Café jusqu’aux bouées de parcours mouillées dans l’embouchure du port. Ces 4 kilomètres m’ont donné un aperçu de ce qui pouvait m’attendre le lendemain. Il fallait donc me faire une raison : ma planche était inadaptée pour une telle compétition dans ces conditions et je n’avais clairement pas le niveau pour faire le parcours Raiders de 16 kilomètres !

Dès le moment où j’ai eu cette prise de conscience, mon aventure de stand up paddle a basculé…

Une rencontre inopinée

Après mon arrivée, plusieurs paddlers rencontrés avant le Mille sont venus recueillir mes impressions, me féliciter pour cette première et me donner des conseils bienveillants. Mais plusieurs m’ont exhortée à ne pas me lancer sur la course du lendemain avec mon paddle gonflable pour des raisons de sécurité.

J’ai donc décidé d’aller voir l’organisation pour demander s’il restait des paddles rigides à louer. Plusieurs concurrents avaient en effet renoncé à la compétition à cause de la météo.

La chance était de mon côté : un représentant de la marque Sic était présent. Bon, je ne vais pas jouer les expertes en prétendant m’y connaître en paddles. Mais la plupart des élites avec lesquels j’avais parlé sup et pagaies lors du brief possédaient un modèle de la marque. J’ai bien sûr découvert après coup que c’est une référence sur le marché.

Sans réfléchir un seul instant, il m’a mise en contact avec un de ses collègues : rendez-vous était donc pris le lendemain matin au port d’Auray, afin de me confier un paddle adapté à la compétition.

Mais il me restait encore quelques détails à régler…

Changement de parcours

Dépose-paddles

Pour ma première expérience en compétition de stand up paddle en mer, je voulais prendre du plaisir. Si la problématique du paddle était réglée – du moins c’est ce que je croyais, restait celle de la course.

Le Mille m’avait permis de me rendre compte de l’importance des caprices de la météo dans ce type de compétition.

Ma petite victoire était d’être restée debout pendant les qualifications : j’ai même appris que des points de pénalité étaient appliqués si on est agenouillé pendant un certain nombre de coups de pagaie.

Mais j’avais pas mal souffert avec le vent de face et la houle : j’ai donc demandé à changer de challenge. Avec les modifications de parcours, les Raiders n’avaient plus que 13 kilomètres à faire. Le triple tout de même de ce que je venais de parcourir avec peine !

J’ai préféré pour une fois être raisonnable : j’ai alors demandé à passer en catégorie Loisirs, soit 8 kilomètres. Si je sais être farfelue et parfois inconsciente, je connais aussi mes capacités. Je n’ai rien à prouver à personne, d’autant plus dans le domaine sportif.

De plus, je suis la première choquée quand je vois l’inconscience de certains qui se mettent en danger, avides de reconnaissance et de gloriole. L’hommage funeste rendu quelques instants auparavant aux sauveteurs en mer remet les choses à leur place : en effet, je manque un peu de tolérance quand je vois des personnes impliquer la vie de tiers dans leurs échappées démesurées.

Une fois ces formalités accomplies, il ne me restait plus qu’à me reposer avant le moment fatidique. Mais j’avais oublié de régler un problème de taille : le transport du paddle.

Une logistique de touriste pour une compétition de stand up paddle

Sac du paddle gonflable

Heureusement que le ridicule ne tue pas, j’aurais quitté cette Terre le week-end dernier, sinon !

Avoir l’opportunité de participer à une compétition de stand up paddle avec un paddle digne de ce nom, c’est un luxe. Encore reste-t-il à le transporter !

En effet, les départs de courses se font à des endroits différents : il faut donc transporter le paddle d’un point à l’autre.

Comme vous le savez, j’avais quitté la région parisienne avec un gros sac à dos de 14 kilos contenant mon SUP gonflable. Un simple coffre de voiture suffisait pour le transport !

Mais avec un modèle rigide, l’affaire prend une tout autre dimension ! Le paddle rigide en kit n’a pas encore été inventé ! J’ai donc eu un grand moment de solitude en rejoignant ma famille le soir et en voyant tous mes espoirs de participation au challenge s’envoler.

J’ai beau avoir une chevelure de jais, je soupçonne parfois quelques mèches blondes de pousser à l’intérieur de mon crâne.

Comment louer un camion ou trouver des barres de toit à 21h30, un samedi soir, en province ?

La Fortune m’a alors donné un coup de pouce : les cousins chez qui j’étais hébergée avait un vieux fourgon avec des barres sur le toit. Cela pouvait peut-être faire l’affaire…

Le van de la dernière chance

Paddle F14 SIC

Inutile de vous dire que la nuit a été particulièrement agitée !

Pour ceux qui ne connaissent pas comme moi l’univers du stand up paddle en compétition, il faut savoir qu’il y a une heure de dépose du paddle à respecter. Or je devais aller chercher ma planche à 10 heures, sachant que l’heure limite de dépose était 9h45, sur une plage à quelques kilomètres du port !

Cela commençait bien mal !

Une fois sur le port d’Auray, j’ai appelé mon contact qui est immédiatement venu à ma rencontre. Il m’a proposé un paddle SIC F14, une superbe planche très profilée , avec une pagaie en carbone. Nous n’avions plus qu’à la charger.

Mais rien qu’en voyant son regard dubitatif, j’ai compris que les choses n’allaient pas prendre une bonne tournure : Christophe – mon contact – m’a en effet dit que le paddle ne rentrerait jamais dans le fourgon. Il fallait donc des sangles et de la mousse pour le mettre sur le toit. Or nous n’avions rien de tout cela.

L’heure tournait et je voyais déjà mon rêve de défi maritime s’éloigner. Mais il fallait se résigner : nous n’avions plus aucune solution…

La réincarnation de MacGyver

Sur le départ de la course

Un peu d’autodérision ne fait pas de mal, et après m’être largement flagellée pour mon inexpérience, j’ai décidé de capituler. Mais c’était sans compter sur l’opiniâtreté de mon interlocuteur.

Apercevant mes gilets de sauvetage et ma housse de pagaie, Christophe a décidé de s’en servir pour protéger et caler le paddle sur le toit du van. Deux tendeurs plus tard fixés sur la planche, et hop ! le tour était joué.

Après avoir amplement remercié mon sauveur – je crois même que j’aurais pu lui baiser les pieds, tant j’étais ravie de l’issue que prenait la situation – j’ai sauté dans le van, direction la plage d’Arradon.

10h45 : cela faisait juste une heure de retard pour la dépose ! Il ne me restait plus qu’à croiser les doigts pour être acceptée à l’émargement et aux contrôles obligatoires !

Qu’il est bon de rencontrer des gens emplis de bienveillance !

Loin de se moquer de mes mésaventures, mes bénévoles m’ont accueillie avec beaucoup de sympathie. Nous avons ri ensemble de mon inexpérience et de toutes ces aventures.

Après avoir émargé, je suis passée au contrôle très minutieux : en effet, la météo n’étant pas forcément clémente, l’organisation avait insisté sur le matériel obligatoire.

Nous avons eu ensuite un brief pour nous expliquer les difficultés du parcours, les consignes de sécurité et les stratégies qui s’offraient à nous.

Il ne restait plus qu’à attendre le top départ…

Prochain épisode à venir…

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