Le port d’Auray

Participer à un challenge de stand up paddle sérieux en mer ne s’improvise pas : on ne peut débarquer ainsi en touriste et sans entraînement adéquat.

Mon introduction pourrait ressembler à la morale d’une fable, mais l’histoire que je vais vous conter est bien réelle : c’est celle d’une Bee déboussolée.

Ce week-end du 15 juin 2019, je participais en effet à ma première compétition de stand up paddle : le Morbihan Paddle Trophy. Il s’agissait d’un événement que j’attendais avec impatience, excitation, mais aussi avec un peu de stress…

Une véritable aventure pour une Bee qui n’a à l’origine absolument pas le pied marin !

Je ne savais effectivement absolument pas comment pouvait se dérouler ce type de championnat.

Mais j’étais bien loin de m’imaginer tout ce que cela pouvait nécessiter en termes de logistique et de matériel.

Retour sur une épopée nautique qui a bien failli virer de bord…

La Bee et le stand up paddle

Yoga paddle

Comme je vous l’ai déjà dit, entre le stand up paddle et moi, c’est un vrai coup de foudre. Rien de surprenant, me direz-vous, quand on sait que la Bee est adepte de bien des sports !

Mais je n’aurais jamais imaginé un jour participer à un tel championnat : en effet, j’habite en région parisienne et on ne peut pas dire que la mer soit véritablement à portée de pagaie !

Certes, j’ai une base de loisirs proche de chez moi où je peux aller m’entraîner : mais on est bien loin des conditions maritimes !

Ainsi j’ai surtout pratiqué le yoga paddle l’été dernier avec mon paddle gonflable de la marque Lokahi Boards sur le lac d’Aiguebelette où je passais mes vacances.

Or une fois en région parisienne, j’ai eu plus de mal à me motiver car il est difficile de trouver des spots. Il existe certes quelques bases de loisirs, mais il faut souvent payer un droit de mise à l’eau un peu excessif.

J’ai bien la Seine en bas de chez moi, mais il existe des conditions particulières et les voies navigables de France n’autorisent pas la pratique du stand up paddle partout.

J’ai donc effectué en tout et pour tout quatre ou cinq entraînements en étangs et deux en mer lors d’un week-end long.

Malgré ce peu de pratique, je suis une mordue de l’activité que je trouve vraiment complémentaire au trail. Aussi je ne désespère pas un jour d’avoir une planche rigide digne de ce nom et un environnement propice…

Mais revenons à nos pagaies…

Stand up paddle et sécurité

La grande marche sur l’eau

Faire une compétition de stand up paddle en mer nécessite un matériel obligatoire sur lequel on ne peut déroger : en effet, en trail on évoque souvent la montagne comme un environnement instable et changeant. Il en est de même pour la mer en paddle : selon les conditions météorologiques, elle peut très vite devenir hostile.

J’avais regardé le bulletin météo en milieu de semaine et je savais que les conditions climatiques allaient être problématiques : un fort vent était en effet annoncé et de la pluie. L’organisation avait donc pris la décision de changer les parcours des épreuves longues pour des raisons de sécurité.

Je dois bien avouer qu’en voyant la liste du matériel obligatoire et la mer démontée en arrivant, j’ai eu quelques angoisses : on nous demandait un cyalume, une gourde, une balise, de la nourriture, un portable, un gilet de sauvetage.

N’ayant pas trouvé en région parisienne mon gilet de sauvetage, j’en ai acheté un en dernière minute, au Décathlon du coin : j’ai ainsi découvert qu’il en existait, comme pour le trail, avec des poches et une partie pour l’eau. Mais je vous reparlerai du matériel dans un article futur…

En route pour l’aventure !

Le samedi avait lieu le retrait des dossards et le contrôle du matériel : je suis donc allée dans le port d’Auray où régnait une ambiance festive malgré une météo peu propice. Certains diront que ce temps n’est pas étonnant pour la Bretagne, mais pour avoir vécu près du Golfe du Morbihan, je peux vous dire que c’est un mythe – enfin tout cela est un autre débat !

Odeurs de galettes, dégustation d’huîtres, musique bretonne, démonstrations, stands de paddles, un vrai village pour accueillir dignement tous les concurrents ! Je vous ferai normalement bientôt partager cette ambiance, car j’ai réalisé quelques vidéos !

Mon dossard en poche, je me suis rendue à la cale de Vannes où avait lieu une première manche qualificative : le fameux Mille pour les catégories Raiders et Loisirs, et le Super Mille pour les élites.

Mais lors du dépose-paddles, je me suis tout de suite rendu compte que je ne jouais pas dans la même cour que la plupart des concurrents…

Quand Brice de Nice rencontre Alice Lemoigne…

Arrivée du Mille

Imaginez un parking couvert de planches rigides élaborées dans les matériaux les plus légers qui soient, des paddles aux formes profilées, creux pour certains, prêts à affronter toutes les vagues… Et au milieu, un énorme paddle gonflable, certes de bonne qualité, mais pas du tout approprié !

Ai-je besoin de vous avouer que je me suis sentie assez « honteuse » quand j’ai sorti mon paddle et ma pompe au milieu de tous ces sportifs de clubs de la région ?

Plusieurs sont d’ailleurs venus me parler, soit en plaisantant, soit en m’encourageant, certains même en m’exhortant à ne pas faire la course : « Il faut bien commencer avec quelque chose ! ». « Ah ça pour ramer, vous allez ramer ! ». « Vous avez regardé la météo et les vents ? Vous aimez la vie ? vous allez vite vous retrouver au large ! ». « Une Parisienne qui fait du paddle ? La mer va jusqu’à Paris ? »

Et que dire du brief qui est venu appuyer ces propos ! En raison de vents forts annoncés et de la houle, l’organisation avait donc modifié les parcours quelques jours plus tôt. Le matériel obligatoire est donc devenu super obligatoire et les consignes de vigilance… plus que vigilantes !

La Bee a alors senti quelques sueurs froides, s’imaginant s’envoler avec son paddle au-dessus des océans ! Je n’étais pas venue pour faire une compétition de kite-surf tout de même !

J’ai donc enfilé mon gilet de sauvetage, dubitative, avant de gagner le départ. Petite considération féminine et girly : la tenue de paddleur n’est pas forcément ce qu’il y a de plus sexy ! J’ai l’impression d’avoir gagné trois tailles de poitrine sur les photos et quatre bons kilos au niveau de l’abdomen !

Un hommage aux sauveteurs en mer

Jet de roses blanches

Avant ce premier départ avait lieu un hommage pour les trois sauveteurs disparus en mer quelques jours plus tôt. Nous nous sommes positionnés sur les lettres tracées au sol de la SNCM. Puis nous avons respecté une minute de silence avant de jeter une rose blanche en mer.

Une émotion palpable était au rendez-vous.

J’ai en effet oublié de vous dire que les sauveteurs encadrent toute la manifestation du Morbihan Paddle Trophy : des bateaux nous suivent tout du long afin d’assurer notre sécurité. Elle a d’ailleurs été renforcée sur cette épreuve du samedi.

Si j’ai trouvé cela rassurant, il était hors de question de les faire intervenir pour sauver une Bee au bord de la noyade : un Mille ! Cela allait me permettre de me rendre compte de l’exigence de la discipline et de voir si je pouvais me lancer sérieusement sur le challenge, le lendemain, avec mon embarcation…

Le Radeau de la Méduse ?

Une Bee au brief

J’avais déjà vu un départ de course de stand up paddle sur un lac, mais jamais en mer. J’ai découvert immédiatement une première difficulté : il faut en effet réussir à se stabiliser, d’autant plus quand il y a du vent et de la houle !

Comme vous l’imaginez bien, je ne suis pas partie sur la première ligne, mais plutôt en travers et bien derrière ! Pas besoin en effet de m’illustrer au milieu des élites en tombant dès le départ !

Inutile de vous parler des remous provoqués par les pagaies ! On est loin de la lessiveuse décrite sur les triathlons, mais gare à la chute !

N’ayant aucun objectif particulier, sinon celui de tenir sur ma planche et de revenir, je suis partie tranquillement.

Mon but était donc de parcourir le Mille en allant jusqu’à une bouée et de revenir. Mais à l’aller, nous avons pris le vent en pleine figure ! Imaginez la scène : vous pagayez, vous pagayez, mais vous reculez ! J’ai maudit Eole et ses sbires !

Mais à force de détermination, j’ai bravé les vagues jusqu’à l’embouchure du port où les choses se sont compliquées…

J’ai alors découvert ce que représentaient les termes utilisés par mes compagnons de jeu quelques heures auparavant : notamment celui de marmite !

Rien à voir avec le domaine culinaire, quoique… Imaginez un bouillon généré par les courants contraires. « Trempez-la dans l’eau, trempez-la dans le bouillon, ça fera une Bee toute froide ! »

Ne me demandez pas comment je m’en suis sortie, sans chute en plus ! Mais mon radeau de fortune prenant largement l’eau au contournement de la bouée, j’ai senti qu’il valait mieux m’agenouiller. Avec trois compagnons de fortune, nous avons préféré jouer cette sécurité.

Passé cet obstacle, nous avons effectué un demi-tour avant de rejoindre le chemin du port, le vent dans le dos. Un pur bonheur !

Les élites qui faisaient une distance un peu plus longue nous ont alors rejoints : certains ont même pris le temps de m’encourager, m’ont parlé de ma technique a priori bonne, mais m’ont surtout encouragée à changer d’embarcation !

Arrivée sur le port, j’ai enfin pu franchir, non sans une certaine fierté avec de telles conditions, ma première ligne d’arrivée avec mon paddle sous le bras !

Mais je ne savais pas encore que mon aventure allait prendre une nouvelle dimension…

Affaire à suivre au prochain épisode…

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