La Bee monte un sentier épineux, aidée de ses bâtons

Après la fameuse partie de la muraille de Kumbhalghar, nous avons décidé contre toute attente et malgré la fatigue de partir en groupe : nous ne savions alors pas que cette première nuit de l’Ultra Run Rajasthan allait être rocambolesque.

Nous avons en effet quitté le CP2 en fin de journée, au milieu d’un concert de klaxons et d’embouteillages.

A noter si vous décidez d’aller un jour en Inde : la semaine de la fête des lumières en Inde, Diwali, est certes spectaculaire, mais ce n’est pas la période la plus calme.

Feux d’artifices, pétards et autres illuminent le ciel toute la nuit.

Quel bazar pour dormir !

Mais nous n’étions pas seules pour cette première partie nocturne avec Mimi : plusieurs coureurs étaient arrivés peu après nous et avaient décidé de repartir avec nous.

Notre reporter de choc, Jean-Pierre dont vous pouvez retrouver le film sur Facebook, voulait nous accompagner. Mais nous avons aussi cheminé avec Thierry, Mercedes, Christian et Carl.

Vous connaissez le fameux proverbe « Plus on est de fous, plus on rit » ? Eh bien, il était de circonstance pour notre joyeux petit cortège, du moins sur les premiers kilomètres…

Quand l’attention se relâche

Thierry et Jean-Pierre à la sortie de la ville, après le CP2. La nuit commence à tomber.
Jean-Pierre et Thierry

Les conversations allaient bon train depuis le départ du CP2 : une bande de joyeux copains en balade…

Sauf qu’au bout de quelques centaines de mètres, nous n’avons plus vu le fameux balisage plutôt restreint sur ce genre de courses.

Notre bonne humeur nous a en effet fait oublier l’un des points essentiels de ce type de courses : la concentration, d’autant plus la nuit où la vigilance doit être de mise, surtout sur du hors-piste.

Et c’est bien ce qui nous attendait lors de cette nuit rocambolesque : du hors-piste !

Or nous cheminions depuis un certain temps sur une route goudronnée. Il est rare de rester bien longtemps sur des territoires civilisés quand on prend le départ d’une course de Jean-François.

L’aventure, c’est justement de se retrouver seul au milieu de nulle part !

Nous avons donc rebroussé chemin, maudissant notre inattention. Par chance, nous avons rapidement retrouvé une trace qui nous a menés dans des terrains marécageux.

Avoir les pieds mouillés la nuit, ce n’est pas ce qu’il y a de plus agréable. D’autant plus quand on s’imagine les bêtes éventuelles qui pourraient sortir de ces eaux croupies.

Mais après les marécages commençait une partie plus piquante… 

Une jungle piquante

Nous avons en effet commencé à serpenter au milieu de buissons d’épineux : l’avantage des piquants, c’est que ça réveille.

Impossible de fermer un œil malgré l’heure tardive !

Nous discutions par petits groupes allègrement pour tenir le rythme, quand tout à coup, un cri de frayeur a déchiré la nuit.

Affolés, nous avons cessé immédiatement notre périple pour rebrousser chemin et tenter d’aller porter secours au désespéré qui gémissait.

Il s’agissait de Christian qui était tombé dans un genre de fosse recouverte par les ronces. Sa douleur était intense, mais il fallait surtout parvenir à l’extirper de ce trou !

Jean-Pierre et Carl, avec l’aide de leurs bâtons y parviendront heureusement en quelques minutes.

Mais l’accident a porté un coup au moral de Christian.

Le plus dur est souvent de repartir dans de telles conditions : alors après s’être assurés qu’il n’y avait pas de traumatismes physiques importants, nous avons immédiatement repris la route, sans dire un mot.

L’obscurité profonde rendait notre progression difficile, le relief était particulièrement vallonné.

Mais nous n’avons rien lâché lors de cette nuit rocambolesque, prenant chacun à tour de rôle la tête du cortège : on perd en effet énormément d’énergie à chercher son chemin pendant la nuit. Il est bien plus confortable de suivre aveuglément celui qui est devant.

Un CP qui se fait désirer

Pour casser un peu le rythme et nous redynamiser, nous avons fait quelques pauses où les plaisanteries allaient bon train : l’objectif était en effet de ne pas céder à la fatigue et de ne pas somnoler pour éviter les chutes. Mais aussi de veiller à ce que tout le monde soit dans une attitude positive.

Pour ma part, j’aime cheminer la nuit, écouter les bruits, deviner les paysages. Je ne ressens en effet aucune appréhension. J’aime au contraire cette immersion dans l’obscurité. J’apprécie aussi le silence, méditer…

Si l’effet groupe n’a pas rendu possible mes états d’âme de Bee solitaire, j’ai toutefois apprécié ces échanges riches sur la vie et nos expériences…

Mais la fatigue s’est accentuée sournoisement au fil des kilomètres et nous avons de nouveau perdu notre piste : grâce à la trace chargée sur son téléphone, Mimi a heureusement repris rapidement les choses en main.

Quelques kilomètres plus loin, nous sommes enfin arrivés au CP3 en longeant un ruisseau.

Nous avons décidé avec Mimi de faire une pause-sieste à cet endroit, même si l’humidité du lieu nous a un peu calmées.

Deux tentes étaient dressées, luxe suprême au cours d’une telle aventure.

Nous ne nous sommes pas fait prier après ce début de nuit rocambolesque. Nous avons en effet rapidement déplié nos duvets pour un somme assez bref…

Une nuit rocambolesque

Christelle et EMilie sont couchées sous la tente, elles ont le sourire
Sous la tente avec Mimi

Mais malgré la fatigue, impossible de trouver le sommeil.

Entre l’humidité, le début de nuit rocambolesque et l’excitation de la journée, je me suis tournée et retournée dans mon duvet.

Impossible en effet de sombrer une seule seconde dans les bras de Morphée !

Sans compter les autres coureurs que nous avons entendus arriver dans la nuit, avec plus ou moins de discrétion.

Que dire en effet du remake de La Soupe aux choux de certains, qui ont oublié qu’il y avait des âmes délicates sur la course !

Aussi quand le réveil de Mimi a sonné, j’étais plutôt ravie de reprendre la route. Mes membres commençaient à s’ankyloser avec l’humidité.

J’ai avalé un porridge délicieux avec des morceaux de fraises du site Lyophilisé and Co.

Puis il a fallu remettre nos affaires quelque peu trempées, un grand moment de solitude. Mais à la guerre comme à la guerre !

Nous avons repris notre route en binôme, frontales à bloc…

A l’eau !

Des coureurs descendent de jour la rivière mentionnée dans le récit.
La fameuse rivière de jour

Mais le clapotis perceptible d’un cours d’eau nous a rapidement confrontées aux dures réalités de la course : notre parcours empruntait en effet le lit d’une rivière.

Mettre les pieds dans un cours d’eau dans un pays que tu ne connais pas bien, mais qui n’a pas une super réputation d’un point de vue hygiène, est difficile de jour.

Alors imaginez de nuit, alors que vous avez souffert de l’humidité, d’une baisse des températures et que vous ne voyez pas grand chose !

En plein jour, cela peut être fort agréable pour se rafraîchir, ou pour se laver un peu, selon la clarté de l’eau.

Mais il n’était plus l’heure de réfléchir : en effet, aucun pont de pierre, aucune embarcation, rien ne permettait de descendre le cours d’eau les pieds au sec.

Il a donc fallu mouiller les chaussettes, à 4 heures du matin.

Je dois bien l’avouer, ce n’est pas la partie que j’ai préférée : il faut ensuite poursuivre la route sur des sentiers sablonneux, avec de l’eau dans les chaussures, qui s’évacue difficilement. Sans compter les bruits spongieux !

Heureusement, le lever du jour n’était pas loin et je comptais sur la hausse des températures pour sécher tout ce qui était détrempé…

Rendez-vous en fin de semaine pour la suite du récit…

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