On voit le groupe de runners qui va participer à la course

Il y a une semaine, je m’apprêtais à rentrer en France après une aventure inoubliable en Inde : l’Ultra Run Rajasthan, organisé par Ultra Run Asia.

Un ultra trail de 250 kilomètres non-stop avec 5500 de D+ en quasi autonomie dans le Rajasthan. Une aventure extrême dans le même état d’esprit que l’Ultra Run Raramuri que j’avais couru deux ans auparavant au Mexique.

Mais si j’avais programmé cette aventure depuis près d’un an, je ne l’ai pas abordée aussi sereinement que je l’aurais souhaité… Quoique…

Une vilaine chute lors d’une sortie trail fin août m’a valu la fracture d’une côte qui m’a coupée dans ma préparation et a remis en question ma participation à ce défi : porter un sac à dos de 7 ou 8 kilos dans cet état et dormir sur le sol alors qu’on n’y arrive même plus sur un matelas, sans douleur, me semblait inenvisageable.

Mais j’avais une source de motivation inestimable…

L’amitié, un facteur de motivation

Lors de l'Ultra Run Raramuri, Emilie m'embrasse après le passage d'un pont de singe difficile.
Ma rencontre avec Emilie sur l’Ultra Run Raramuri

L’Inde n’a jamais fait partie des destinations qui me faisaient rêver, contrairement au Mexique.

Plusieurs de mes amis avaient eu l’occasion d’y aller et je trouvais leurs retours peu engageants. Les avis étaient en effet toujours tranchés : soit ils avaient adoré leur voyage, soit ils l’avaient détesté. Sans compter les collègues qui me parlaient souvent des problèmes d’insécurité et d’hygiène.

Mais j’avais croisé dans ma jeunesse un médecin qui y faisait des missions humanitaires : je me souviens que des étoiles brillaient dans ses yeux à chaque fois qu’il me contait ses aventures, pourtant délicates.

Quand j’ai appris par l’organisation que la prochaine course serait en Inde, je me suis dit : « Ok, alors ce sera sans moi, je trouverai une autre course et une autre destination. »

Mais j’ai rapidement changé d’avis quand Emilie, ma partenaire d’aventure sur l’Ultra Run Raramuri, m’a dit : « Allez, on y va ! » et que notre groupe du Mexique s’est inscrit.

Nous avions formé un duo de choc avec Mimi dont les collines mexicaines se souviennent encore, pendant ces 190 kilomètres et plus de 10000 m de D+ : les mêmes délires, une complicité naturelle et une façon similaire de vivre notre discipline.

Il n’en fallait donc pas plus pour que je signe…

A nous les naans au fromage, les kilomètres à délirer en pleine chaleur dans la pampa indienne, le répertoire du Top 50 – nous sommes les reines des medleys – et la contemplation de panoramas somptueux !

J’en aurais presque oublié le défi monstrueux qui nous attendait…

Un ultra trail de 250 kilomètres non-stop

Nous sommes dans la pampa indienne, sur une côte
En montée sur l’Ultra Run Rajasthan

Dans l’euphorie, on en oublie presque les distances : il faut dire qu’aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, on voit actuellement fleurir une surenchère aux kilomètres qui banalise le moindre effort.

J’avais juste oublié un petit détail : Emilie est coutumière de ce genre de distances. Quant à moi, je n’avais dans mon escarcelle d’ultra traileuse que le 200 kilomètres de l’Ultra Run Raramuri comme plus longue distance, certes avec plus de 10000 m de D+.

En revanche, je commence à m’habituer à la gestion des courses en autonomie et en pleine chaleur, avec ma double participation au HMDS de Fuerteventura et le Mexique.

Il ne me restait plus qu’à intégrer le paramètre « côte fêlée » qui constituait mon principal handicap et ce manque évident de préparation et de sommeil.

Or je n’ai guère ressenti de stress en fait malgré ma préparation édulcorée, car nous avions la même optique avec Emilie sur ce type de course : profiter un maximum des paysages que nous découvrions, se dépasser, mais aussi faire de belles rencontres et emmagasiner un maximum d’images et de souvenirs.

Les barrières horaires sont assez larges sur ce type d’aventure pour laisser place aux contemplateurs : j’aime particulièrement l’idée d’un ultra trail touristique et ne conçois pas de repartir sans avoir vu un peu de pays.

J’ai en effet suffisamment de courses en France dans l’année pour faire ressortir mon côté compétitif si j’en ai envie. Mais ces ultra trails à l’étranger ont un coût certain, tant financièrement que familialement. Je ne sais si je reviendrai un jour en Inde, alors il était hors de question de perdre une seule miette de cette aventure…

Derniers préparatifs pour l’Ultra Run Rajasthan

Le 31 octobre, jour du départ de l’Ultra Run Rajasthan, j’ai réalisé en finissant de préparer mon sac le défi qui m’attendait.

Après trois jours de repos relatif – nous avons retrouvé le groupe de coureurs le 28 et visité Udaipur – et d’acclimatation, nous étions au palais du maharaja de Ghanerao. Un endroit paisible, somptueux, aux murs chargés d’histoire.

Un véritable eden joliment fleuri qu’il a été bien difficile de quitter !

Dernier petit-déjeuner copieux – omelette, banane, toasts dont l’image viendra me hanter dans mes coups durs sur la course – avant de regagner notre chambre.

Certains coureurs se sont isolés, concentrés désormais sur le challenge. Étonnamment, je prends le temps et discute avec ceux qui ont pris l’option de boucler leur sac avant de se restaurer.

Je me sens plutôt zen, même si je sais qu’il me reste deux trois points à régler en rentrant à la chambre : est-ce que je prends ma polaire ou non pour les nuits ? Ai-je pris assez de plats lyophilisés ? On ne sait jamais, s’il me prenait l’envie de faire un gueuleton sur le bord d’un chemin, par 35 degrés ! Ai-je bien mis tout le nécessaire dans ma petite trousse « hygiène » ?

Mais la véritable question qui me taraude est plutôt : « Est-ce qu’avec ma côte en vrac je vais pouvoir supporter le poids de mon sac pendant 250 kilomètres ? » Je n’ai en effet pas eu l’occasion de le tester avant et les quelques sorties faites avec mon 5 litres avant de partir étaient plutôt… douloureuses.

En route pour l’aventure !

L'euphorie du départ : nous brandissons avec Emilie nos bâtons sous la banderole du départ de l'Ultra Run Rajasthan
L’euphorie du départ sur l’Ultra Run Rajasthan

J’ai opté pour un sarong balinais rapporté de vacances par une amie pour faire « tampon » sur le devant du sac. Il sera ainsi aussi sur mon cœur, pour me rappeler son soutien…

À une demi-heure du départ, je me confronte à la réalité : je vais en baver, mais le plaisir de la découverte et du partage l’emporteront forcément. Je ne me fais donc pas de soucis.

J’envoie un petit message à mini Bee qui dort encore et à ma famille pour les remercier de leur soutien, de me permettre d’être là.

Puis nous nous retrouvons dans la cour du palais à 6h50. L’heure des embrassades et des encouragements, un moment que j’apprécie particulièrement dans ces courses à petits effectifs.

La musique de Europe, « The final countdown » retentit, la même que sur le départ de l’Ultra Run Raramuri : elle est devenue notre musique « booster » avec mini Bee…

Je me sens prête…

Le départ est donné.

Après le portique du palais, l’aventure…

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