Il est temps de vous raconter la suite et le finish du triathlon international de Cannes.
Dans mon récit précédent, je vous laissais alors que j’entrais dans l’eau, bien derrière pour ne pas me prendre trop de coups.
Une stratégie qui a payé, même si on perd du temps sur le chrono. Mais faire un temps n’était pas mon intention, vu mes capacités.
Après avoir mentalement créé ma bulle, je me laisse tomber dans les flots, sans aucune appréhension. Je commence à nager le crawl à mon rythme, sans me soucier de ma place ou autres.
Je me rends bien vite compte que ma séance de natation de la semaine, lors de laquelle nous avons appris à nager en « petit chien », va m’être bien utile.
Je progresse la tête hors de l’eau pour ne pas participer au « tabassage collectif » devant moi.
Ma plus grande surprise est de voir les fonds : l’eau est incroyablement limpide, on aperçoit les poissons, les rochers, une vraie piscine (plus remuante, certes !) à ciel ouvert.
Je crois même apercevoir une raie ! Pure illusion d’optique à mon avis, car je me suis rendu compte que la natation produisait sur moi comme des hallucinations lors du triathlon de Deauville !
Mon imagination doit se mettre en branle au contact de l’eau !
Une première bouée franchie sans encombres, puis une autre. J’arrive au niveau d’une dame en panique complète qui sera sortie de l’eau. Je double un monsieur qui nage sur le dos !
Deuxième bouée, toujours de bonnes sensations. J’ose enfin jeter un œil derrière moi et me rends compte que j’ai finalement remonté pas mal de concurrents.
Cela me booste, mais il reste encore une grande ligne jusqu’à la plage et ce n’est pas le moment de se relâcher…
Mais la dernière portion se déroule plutôt bien. Je décide même d’aller un peu plus vite pour rejoindre la plage…
UNE PREMIÈRE TRANSITION UN PEU TROP COOL
Je sors de l’eau complètement enjouée : la natation me paraît encore aujourd’hui insurmontable vu mon piètre niveau.
Personne ne m’arrête, je suis donc dans les barrières horaires (j’ai fait mon tri sans chrono, à la sensation). Je cours jusqu’au pied des escaliers en titubant et décide de retrouver un peu de stabilité en marchant jusqu’en haut.
Nouvelle épreuve : retrouver Beeclou dans ce labyrinthe de vélos !
J’ai pris un palmier comme repère avant de partir. Je retrouve donc sans peine ma monture et mes petites affaires bien rangées à côté de ma roue.
Plusieurs vélos ont déjà disparu, certains concurrents arrivent et en quelques secondes reprennent la route.
Pour ma part, j’étale ma petite serviette pour me sécher les pieds et enfiler mes chaussettes. Je grignote une barre et avale ma boisson Stimium. Il faut recharger les batteries, d’autant que la chaleur se fait sentir.
Puis je décroche mon casque. J’entends alors la voix de François qui m’exhorte à accélérer la cadence. La honte ! Plus de 4 minutes, ce sera un point à grandement travailler !
Je décroche Beeclou et trottine jusqu’à la ligne. J’entends alors la voix familière de mes amis, Dorothée et Patrick : ils sont venus m’encourager avec leurs filles. Un pur bonheur de les savoir là !
VERS L’ESTÉREL, À BICYCLETTE !
Je n’avais pas eu le temps de mettre le nez sur les parcours vélo et course à pied.
Peut-être était-ce une bonne chose…
Des copains m’avaient dit que le parcours était relativement plat… Relativement…
Après une première portion très roulante le long des plages, les choses se sont en effet corsées. J’ai déjà découvert que le parcours était ouvert à la circulation. Et franchement, c’est assez perturbant.
Après le calme de la promenade côtière, nous avons retrouvé la civilisation. Combien d’automobilistes ont klaxonné sur les grands axes ou ont obligé des triathlètes à se déporter !
Que dire de ce monsieur que nous avons suivi dans la côte qui roulait au ralenti au point de nous freiner !
Car très vite, nous avons abordé une très longue, voire interminable côte, qui menait vers l’Estérel.
Un petit 410 de D+ qui a malmené mon dos et mes jambes. Mais le plus drôle dans l’histoire, c’est que je n’ai pas tout de suite compris que les groupes qui descendaient, de l’autre côté, étaient les premiers cyclistes de la course !
Après cette grimpette, un demi-tour à un rond-point, j’ai enfin pu suivre leurs traces, sans penser bien évidemment à m’hydrater. Une erreur que j’ai payée par la suite…
Le retour m’a paru plutôt rapide. Je n’avais en effet qu’une hâte : poser ma monture, car une douleur, ou plutôt une raideur a commencé à se faire sentir au niveau des adducteurs.
UNE COURSE À PIED BOÎTEUSE
Arrivée dans le parc à vélos, j’ai déposé Beeclou avec plaisir : une délivrance pour mes fessiers !
J’ai essayé de perdre un peu moins de temps sur ma transition : pas de natte accrochée à mon casque comme sur le Triathlon International de Deauville, des chaussures vite enfilées, une casquette bandeau, un peu de ma boisson de l’effort Stimium (enfin !) pour hydrater le chameau que je suis et essayer d’enrayer les vertiges liés à la chaleur.
Mais le plus dur restait à venir : je l’ai en effet vite compris en commençant à trottiner !
J’ai immédiatement ressenti une raideur au niveau de mes adducteurs, une gêne douloureuse. J’ai alors commencé à courir en boîtant, poussée néanmoins par les encouragements de mes copains Patrick et Dorothée.
C’est dingue comme l’ego prend le dessus quand tu es portée par ton entourage ! Je suis sortie du parc à vélos avec une douleur lancinante, mais je l’ai dépassée pour répondre aux exhortations.
Trois tours de Croisette, trois tours d’un peu plus de 3 kilomètres qui m’ont paru une éternité, moi qui adore avaler les kilomètres. Mais il ne faut pas oublier qu’on a déjà bravé deux disciplines avant de chausser ses runnings. On ne part pas avec la plus grande fraîcheur !
J’ai donc commencé à arpenter la fameuse Croisette en claudiquant, cherchant à calmer ma douleur dans un premier temps et à trouver un équilibre.
Avouons-le, le parcours ne m’a pas trop emballée : je crois en effet que je n’aime pas avoir l’impression de tourner en rond comme un hamster !
Au premier ravito, je me force à m’arrêter pour ingurgiter quelque chose : je n’ai pas avalé quelque chose de consistant depuis le départ, sinon mes gommes Stimium sur les transitions. J’attrape un bout de banane.
J’aperçois alors des enfants qui tendent des élastiques un peu plus loin : « Quelle idée saugrenue ! » me dis-je. En bonne débutante, je ne comprends pas qu’il s’agit de la manière de compter les tours et repousse une main insistante.
Je suis dans ma bulle, concentrée sur mon souffle pour créer de l’espace dans mon corps, gérer ma douleur. Je sais à ce moment précis que plus rien ne pourra m’arrêter.
Je pense à mon fils que j’ai aperçu, à la fatigue qu’il doit ressentir chaque mois épuisé et angoissé par ses traitements, à l’absence d’énergie qui le prive de pratiquer ses sports favoris, à cette pile qui s’est peu à peu éteinte devant une maman impuissante.
J’ai la chance d’être en bonne santé et de pouvoir vivre mes passions. Ma famille me suit dans mes délires, mes véritables amis aussi. Alors je me dois de profiter de ces moments.
Cela me booste et portée par les encouragements de mes supporters du moment, mon fils et mon conjoint, mes amis de Conflans, ma petite Delphine qui m’a fait ce plaisir et son mari François, je retrouve un peu d’énergie.
Deuxième tour, la gnaque revient. Malgré la chaleur, j’augmente le rythme.
FINISH SURPRISE SUR LE TRIATHLON M DE CANNES
J’enchaîne le troisième tour avec le même entrain, le même plaisir : plus que quelques centaines de mètres, un escalier… J’aperçois alors mon fils qui m’a fait la surprise de m’accompagner sur les derniers mètres.
Quel moment unique, magique ! Quelle jolie preuve d’amour ! Quel bonheur singulier !
Les larmes de joie montent. Je suis épuisée, mais ravie. Nous franchissons la ligne main dans la main, poussés par les encouragements des proches et d’inconnus.
Nous sommes dans notre bulle, nous nous serrons intensément dans les bras.
Je ne sais lequel des deux est le plus ému : la maman touchée par ce geste d’amour, ou mini Bee qui me murmure des mots qui me touchent : « Tu l’as fait, Maman ! Je suis fier de toi ! »
Quel extraordinaire petit bonhomme !
Une jeune femme, émue, me remet ma médaille et en passe une autre autour du cou de mini Bee, touchée par ce tableau familial.
MES IMPRESSIONS DE BEE SUR LE TRIATHLON M DE CANNES
J’ai savouré chaque seconde de cette épreuve de dingue. Je n’aurais jamais cru pouvoir un jour franchir la ligne d’arrivée d’une telle compétition, surtout avec si peu d’expérience en natation en mer.
Je me surprends parfois moi-même quant à mes ressources mentales et physiques : j’ai en effet enchaîné un ultra, un trail long et ce triathlon en l’espace d’un mois, sans compter tous les cours que je donne de façon hebdomadaire.
Mais je suis aussi toujours ravie de voir comment j’arrive à mettre en relation mes diverses compétences (yoga, méditation, running yoga, préparation physique, nutrition…) qui me permettent d’aller au bout de mes challenges.
Voir ma famille, les copains de Conflans et mon amie Delphine derrière moi (c’est elle qui m’a permis de mettre un pied dans cet univers) était juste improbable et un pur moment de bonheur.
Toutes les conditions étaient réunies pour rendre cet événement mémorable…